Brève n° 3
Programmes
Objectifs de formation de la première année des classes
préparatoires de lettres
Le grec ancien en hypokhâgne :
2007-2008
Descriptif : NOR : MENS0753558A =
http://www.education.gouv.fr/bo/2007/22/MENS0753558A.htm
RLR : 473-0 ARRÊTÉ DU 3-5-2007 JO DU 15-5-2007 MEN DGES
B2-3
Vu D. n° 94-1015 du 23-11-1994, not. art. 2, 3 et 11 ;
A. du 27-6-1995 ; avis du CNESER du 17-4-2007
Article
1 - Les objectifs de formation de la première année des classes préparatoires
de lettres aux grandes écoles sont fixés conformément aux annexes du présent
arrêté :
principes
généraux (annexe I) ;
langues
anciennes et culture de l’Antiquité (annexe II) ;
lettres
modernes (annexe III) ;
philosophie
(annexe IV) ;
histoire
(annexe V) ;
géographie
(annexe VI) ;
langues
vivantes (annexe VII).
Article
2 - Les dispositions du présent arrêté prennent effet à compter de l’année
scolaire 2007-2008.
Article
3 - Le directeur général de l’enseignement supérieur et le directeur général de
l’enseignement scolaire sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de
l’exécution du présent arrêté, qui sera publié au Journal officiel de la
République française.
Fait
à Paris, le 3 mai 2007
Pour
le ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la
recherche et par délégation,
Le
directeur général de l’enseignement supérieur Bernard SAINT-GIRONS
Annexe
I
LES
OBJECTIFS GÉNÉRAUX DE LA FORMATION DANS LES CLASSES DE LETTRES PREMIÈRE ANNÉE
Situées
entre la classe terminale des lycées et l’entrée dans les écoles normales
supérieures (ENS), les autres grandes écoles ou les universités, les classes de
lettres première et seconde année constituent un parcours de haut niveau et
s’inscrivent dans le cadre de l’architecture européenne des études au sein des
études conduisant à la licence. En conformité avec le principe
d’interdisciplinarité qui caractérise la formation en classe de lettres
première année, les enseignements dans chaque discipline dispensent une
formation générale qui ne préjuge pas des parcours ultérieurs des étudiants. La
formation dispensée s’enracine dans des connaissances, appelant nécessairement
la définition de contenus. Dans la mesure où le programme est fortement corrélé
à celui des épreuves des concours d’entrée dans les grandes écoles, les
objectifs de formation dans chaque discipline s’ordonnent autour d’exemples de
problématiques ou de notions. Si elles définissent un certain nombre d’obligations,
les propositions développées dans les annexes II à VII permettent à chaque
professeur, qui demeure responsable de son cours, d’exercer pleinement ses
responsabilités pédagogiques.
Annexe
II
LES
OBJECTIFS DE FORMATION EN LANGUES ET CULTURE DE L’ANTIQUITÉ
L’enseignement
des langues et culture de l’Antiquité en classe préparatoire de lettres
première année a pour objectif de donner accès à un ensemble de références à
travers la lecture de textes anciens et de légitimer le rôle mémoriel, culturel,
fédérateur des langues anciennes pour les pratiquer, les décrire et les
inscrire dans le présent de notre culture. L’enjeu est de faire en sorte que
les étudiants s’approprient une culture qui ne doit pas être réservée à des
spécialistes. Cela suppose :
·
de répondre au souci d’une culture large et
exigeante, à la fois contemporaine et consciente de ses racines ;
·
de conduire les étudiants à acquérir un
ensemble de savoirs, de méthodes et de compétences, indispensable à la
poursuite des études envi sagées. Dans son principe, l’enseignement visera à
favoriser la connaissance et l’analyse des concepts fondamentaux propres à la
littérature et à la culture de l’Antiquité. Cela implique d’opérer, à travers
une connaissance minimale de mécanismes linguistiques différents, un retour sur
sa propre langue afin de mieux la maîtriser, notamment par :
·
la pratique de la traduction, en lui
restituant sa dimension interculturelle. Traduire sera une expérience de
découverte, une activité formatrice et un exercice critique qui ouvrira sur
l’interprétation des textes et de l’écriture ;
·
la comparaison de traductions différentes d’un
même texte qui permettra de faire apparaître ce qui dans un texte original
demande une interprétation et ouvre le débat ;
·
la pratique du commentaire. Elle suppose la
prise en compte de démarches nouvelles dans le cadre d’une approche
pluridisciplinaire (littéraire, historique, anthropologique, philologique,
philosophique...).
Cet
enseignement, qui ressortit naturellement au champ des lettres, suppose la
prise en compte d’une approche fortement interdisciplinaire, ouvrant par
ailleurs à la démarche de recherche. Cet espace de convergences disciplinaires
doit donc mettre en synergie l’histoire, la philo sophie et la langue avec la
littérature. À cet enseignement peuvent s’ajouter, selon le souhait des
étudiants, des enseignements de spécialité en latin et en grec (niveau confirmé
ou débutant). Exemples de problématique et notions formatrices possibles Dans
le cadre de la définition des programmes de langues et culture de l’Antiquité
en hypokhâgne non déterminante, il importe que la problématique mise au
programme permette d’aborder la façon dont la culture antique a contribué à la
construction de la culture moderne. Première problématique mise au programme
pour 2007-2009 : “Eros, philia, amor, amicitia” : amour et amitié
dans la société, le mythe, la littérature et la philosophie antiques. Les
notions juridiques, institutionnelles, politiques, religieuses, littéraires,
particulièrement celles qui ressortissent au champ de la poétique et de la
rhétorique, seront principalement analysées lors de l’étude des textes, donnés
à titre indicatif et liés aux problématiques mises au programme. Il apparaît
souhaitable de rattacher, quand cela est possible, l’étude des notions à la
présentation de genres littéraires correspondants et d’opérer les
rapprochements qui s’imposent entre le domaine grec et le domaine latin. Enfin,
des rapprochements avec la littérature française sont également recommandés. Il
convient aussi, pour enrichir les parcours à travers les textes, d’amener les
étudiants à se familiariser avec les représentations figurées des grands mythes
et des personnages, liées à la problématique retenue, qu’elles relèvent de
l’art ou de l’artisanat.
Annexe
III
LES
OBJECTIFS DE FORMATION EN FRANÇAIS EN CLASSE DE LETTRES SUPÉRIEURES
L’enseignement
du français en classe de lettres supérieures a pour objectif d’étendre, de
consolider et de structurer les connaissances acquises dans les classes secondaires
afin de constituer, par l’intensification des lectures et la pratique
systématique des exercices de l’explication, du commentaire et de la
dissertation, une culture littéraire fondamentale pour les étudiants, quelle
que soit leur spécialisation ultérieure. L’étude des lettres, par son objet et
ses méthodes, a donc d’abord un sens culturel : elle permet d’asseoir et
d’éclairer, par le travail sur les textes et les œuvres, les références
littéraires majeures du patrimoine, de faire prendre conscience de leur
historicité, de faire réfléchir aux constantes et aux variations esthétiques et
génériques des représentations. Cette première année doit également favoriser
l’acquisition de méthodes de travail particu lièrement nécessaires pour aborder
la seconde année, centrée sur la préparation directe des concours. Le souci
d’apprentissage méthodologique vise à faire acquérir la maîtrise des différents
exercices types, écrits et oraux, ainsi que la capacité à consolider un savoir
dans la durée. Le professeur veille à développer tout particulièrement
l’acquisition des compétences d’analyse et d’interprétation des textes litté
raires et la capacité à construire une argumentation écrite. Les professeurs
restent libres, en première année, de leur programme et de leurs démarches. On
peut cependant souligner qu’en tant que discipline, l’enseignement des lettres
obéit à une logique historique et à une logique générique en fonction de leur
projet annuel :
·
dans la mesure où il s’agit de permettre aux
étudiants de construire une culture littéraire ordonnée et d’enrichir par la
lecture leur connaissance du monde et de l’homme, il apparaît nécessaire de
prendre en compte dans cet enseignement des éléments d’histoire littéraire et
d’histoire des idées. L’étude des œuvres comme représentations, la mise en
évidence des continuités et des ruptures esthétiques, les notions de mouvement
littéraire et culturel, de filiation et d’influence, les formes de
l’intertextualité, la production et la réception des textes s’inscrivent dans
cette mise en perspective historique qui est partie prenante de l’enseignement
des lettres et qui invite à la création de relations avec les autres
disciplines. Ainsi peut se développer chez les étudiants le sens de l’unité
intellectuelle des démarches et des connaissances indispensable à une spéciali
sation ultérieure fertile ;
·
l’enseignement du français en classe de
lettres supérieures vise également à cultiver et à informer la lecture des
œuvres en faisant acquérir aux étudiants les connaissances indispensables en
matière de poétique des genres et de stylistique. Il s’agit d’approfondir la
conscience qu’ils peuvent avoir des caractéristiques et des problèmes
spécifiques du roman, du théâtre, de la poésie et de l’essai, afin qu’une étude
approfondie des œuvres puisse leur permettre de mesurer la singularité, l’écart
ou le jeu qui marquent l’écriture de tel écrivain, ou de telle école. Ces
connaissances acquises en matière de poétique et de stylistique doivent
permettre aux étudiants de parvenir à une lecture problématisée des textes, à
une interprétation résultant d’un questionnement pertinent et fondé sur une
analyse à la fois cohérente, précise et consciente de ses enjeux. Cette
problématisation unifie les exercices pratiqués en lettres à l’écrit ou à l’oral
dans ces classes :
l’explication de texte ;
·
le commentaire composé ;
·
la dissertation, portant sur une œuvre
particulière ou sur une question de littérature générale. Ces diverses formes
de travail ont en effet pour objet de permettre aux étudiants de s’approprier
la culture qu’ils acquièrent et de cultiver les qualités de rigueur, de
précision et de réflexion qu’ils auront à mettre en œuvre dans la suite de
leurs études, quelles qu’elles soient.
Annexe
IV
LES
OBJECTIFS DE FORMATION EN PHILOSOPHIE
Le
cours de lettres première année permet de consolider le travail commencé en
classe terminale, dont le double objectif a conduit à favoriser l’exercice
réfléchi du jugement et l’acquisition d’une culture philosophique initiale. Il
s’agit donc de poursuivre l’effort de réflexion et de lecture, et d’affermir la
maîtrise des exercices de dissertation et d’explication de textes inau gurés
l’année précédente. Les élèves seront ainsi en mesure d’accéder au bon usage de
l’abstraction, à la position rigoureuse de problèmes précis et à leur
traitement argumenté, progressif et cohérent. En classe de lettres première
année, se familiariser avec la démarche philosophique ne suffit plus. Il
faut :
·
entrer plus avant dans la philosophie
effective par un travail approfondi sur les concepts et par l’étude de quelques
œuvres majeures de la tradition ;
·
permettre aux étudiants l’acquisition d’une
connaissance claire des enjeux, des grandes interrogations, et de textes
fondateurs correspondant aux divers domaines structurant le programme se lon
les deux axes de la connaissance et de l’action. Les travaux fondamentaux, qui
regroupent en effet de manière synthétique, s’ils sont réussis, des compétences
essentielles et variées que l’on peut expliciter et qui témoignent directement
du travail de lecture et de réflexion entrepris par leurs auteurs,
demeurent :
·
la dissertation ;
·
l’explication de texte ;
·
les exercices oraux qui leur correspondent.
Les
étudiants doivent donc être capables de faire une dissertation et une explication
de texte en satisfaisant aux critères suivants, qui constituent de véritables
compétences disciplinaires :
·
respect rigoureux des sujets et des
thématiques proposés ;
·
position d’un problème précis, cernant
exactement le sujet, et exposition des modalités de sa résolution ;
·
construction d’une progression dialectique
cohérente ;
·
analyses argumentées et précises, sans
contradiction interne, et articulées les unes aux autres ;
·
utilisation pertinente des concepts ;
·
capacité spéculative et rigueur démonstrative ;
·
mobilisation adéquate des références
philosophiques et culturelles pour faire avancer la réflexion ;
·
réflexion philosophique d’une certaine ampleur
sur des documents ou matériaux non philosophiques ; les étudiants doivent
s’intéresser au réel dans sa diversité tout en refusant la pure description.
S’agissant
plus particulièrement de l’étude et de l’explication des textes, on
valorisera :
·
la capacité de mettre le texte en perspective
afin d’en dégager tout l’intérêt spécifique ;
·
le refus de la paraphrase et du catalogue
doxographique ;
·
l’acquisition du goût pour la lecture des
textes philosophiques, et la pratique de la lecture lente et active, seul moyen
de faire des progrès dans la discipline et de s’y intéresser durablement ;
·
l’attention systématique portée aux conditions
de formulation et aux conséquences logiques de toutes les thèses examinées.
Cette formation repose à l’évidence sur des connaissances, ce qui rend
indispensable la définition de contenus. Plutôt que d’arrêter un “programme”
stricto sensu, il convient de fixer un cahier des charges. Un tel cahier des
charges, tout en précisant un certain nombre d’obligations, permet à chaque
professeur d’exercer pleinement sa responsabilité pédagogique. Problématiques
mises au programme pour 2007-2009 Afin d’atteindre les objectifs pédagogiques
précédemment définis et de préparer la seconde année de la classe de lettres,
les élèves de première année étudieront, sous la conduite de leur
professeur :
·
des notions, questions ou problèmes respectivement
liés aux cinq domaines de la métaphysique, de la science, de la morale, de la
politique et du droit, de l’art et de la technique (les deux premiers se
situant dans l’axe de la connaissance, les trois autres dans celui de
l’action) ;
·
deux œuvres dans leur continuité, l’une de
philosophie ancienne ou médiévale, l’autre de philosophie moderne ou
contemporaine.
Annexe
V
LES
OBJECTIFS DE LA FORMATION POUR L’ENSEIGNEMENT DE L’HISTOIRE EN CLASSE
PRÉPARATOIRE DE LETTRES PREMIÈRE ANNÉE
L’enseignement
de l’histoire en classe préparatoire de lettres première année a pour objectif
de permettre aux étudiants d’acquérir les bases d’une culture générale
historique solide. Cette acquisition suppose que l’intérêt des étudiants et
leur curiosité pour l’histoire soient stimulés. L’histoire doit leur apparaître
comme une discipline vivante, suscitant leur curiosité intellectuelle, leur
goût pour la lecture d’œuvres historiques et leur offrant le plaisir sans cesse
renouvelé de la découverte. Cette acquisition implique également la maîtrise de
capacités inhérentes à cette discipline. Son enseignement doit :
·
donner aux étudiants l’occasion d’exercer leur
esprit critique ;
·
favoriser leur ouverture d’esprit, notamment
en dégageant, chaque fois que possible, des perspectives culturelles et en
établissant, si nécessaire, des liens avec d’autres disciplines ;
·
leur donner des éclairages sur la façon dont
on écrit l’histoire, notamment en leur présentant des exemples de débats
historiographiques et en les initiant à ce qu’est la recherche
historique ;
·
leur permettre de maîtriser l’exercice de la
dissertation historique ;
·
être l’occasion de se familiariser avec
différents types de documents historiques ;
·
permettre aux étudiants d’améliorer leur
expression orale ;
·
renforcer leur autonomie et leur capacité à
mener des recherches personnelles et collectives. Les professeurs doivent
prendre en compte ces différents objectifs dans leurs pratiques et leurs
évaluations. Exemples de problématiques et notions formatrices possibles Les
étudiants doivent être initiés dès la classe préparatoire de lettres première
année à différents champs de l’histoire (économique et social, politique,
religieux et culturel).
L’acquisition
d’une culture générale historique se fera donc à travers l’étude de grandes
questions formatrices puisées dans différentes périodes. Il convient d’aborder,
au cours de l’année, des questions concernant au moins trois des quatre
périodes historiques (ancienne, médiévale, moderne et contemporaine). Ces
questions pourront être traitées selon des modalités pédagogiques
diverses : une des questions pourrait faire l’objet de travaux de
recherche encadrés par le professeur, débouchant sur l’élaboration d’un court mémoire
écrit pouvant donner lieu à une présentation orale. La programmation annuelle
peut accorder un horaire d’enseignement variable aux différentes questions. Au
terme des deux années d’étude en classes préparatoires de lettres première
année et seconde année, les étudiants qui se destinent à des études d’histoire
doivent avoir traité des questions concernant les quatre périodes historiques.
[...]
P.-S.
Première problématique mise au programme pour 2007-2009 : “Eros, philia,
amor, amicitia” : amour et amitié dans la société, le mythe, la
littérature et la philosophie antiques.
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : 11 octobre 2007