Brève n° 104
Nikos Aliagas
Journaliste
Remise
des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Nikos Aliagas
26 mars 2007
Discours
de M. Nicolas Sarkozy
Cher Nikos Aliagas,
Je suis très heureux de saluer aujourd’hui en
vous une grande personnalité des médias, un journaliste à l’esprit curieux et
ouvert, et un passeur admirable des cultures française et grecque. Votre destin
hors norme débute à Paris, où vous voyez le jour. " Il reste toujours
quelque chose de l’enfance ", écrit Marguerite Duras. De l’univers de vos
parents, tailleurs, vous ne faites pas une vocation, mais vous gardez un goût
immodéré pour l’élégance en toutes circonstances, qui est devenue votre marque
de fabrique à l’écran. De vos premières passions, Claude François, les costumes
pailletés, le chant, la musique et la scène, nous pouvons mesurer aujourd’hui
l’influence sur tout votre parcours.
De votre double culture franco-grecque,
nourrie et forgée dans votre famille et au pensionnat grec de Châtenay-Malabry,
où vous rencontrez votre père spirituel, l’Archimandrite Dionisos, vous retenez
une profonde conscience humaniste et européenne. C’est cette culture européenne,
que vous incarnez éminemment, qui a fait de vous le co-Président, aux côtés de
mon collègue Jean-François Lamour, du jury du concours européen " Envie
d’agir ", qui récompensait en 2005 de jeunes porteurs de projets. Et c’est
cette même envie de partager et de transmettre votre expérience concrète de la
richesse d’une double culture qui vous a poussé, au lendemain des émeutes qui
ont secoué les banlieues en 2005, à publier un article dans Le Figaro, dans
lequel vous avez rappelé combien il est essentiel de connaître ses racines pour
avancer dans la vie.
Oui, de l’enfance il reste toujours quelque
chose.
Et d’abord cette audace et ce charisme à toute
épreuve, qui ont tracé, à grande vitesse, votre double destin journalistique et
artistique. A 18 ans seulement, parallèlement à vos études de littérature à la
Sorbonne, vous devenez journaliste pour RFI, où vous tirez les dépêches de la
nuit. Vous animez ensuite les matinales sur Radio France et sur Radio Notre
Dame, pendant deux ans, aux côtés de Monseigneur Lustiger. Vous éditez
également, pendant cinq ans, depuis la Sorbonne, et sur vos propres deniers, un
magazine culturel et littéraire franco-hellénique.
Parlant couramment le français, le grec,
l’anglais, l’espagnol et l’italien, vous êtes rapidement et justement repéré
par Euronews. A 24 ans tout juste, vous couvrez les conflits au Kosovo, et
interviewez Madeleine Albright, Yasser Arafat, mais aussi le nouveau Président
de la République de Grèce, Costis Stephanopoulos, une semaine après son
élection en 1994. A votre demande, l’interview se déroule en grec et en
français. Plus tard, c’est aussi en français que vous réalisez la dernière
interview de Mélina Mercouri avant sa disparition. Gérard Deck, ancien
Directeur de la rédaction d’Euronews, saluait votre " don de sensibiliser
le public à l’actualité européenne ".
Vous présentez le journal sur TMC depuis la
rédaction d’Euronews, lorsque vous devenez chroniqueur, puis rédacteur en chef
de l’émission " Union libre ", sur France 2, avec Christine Bravo.
Vous êtes, dans le même temps, rédacteur et présentateur en chef du journal
télévisé de 20h30 sur la chaîne grecque Alter Chanel.
Inlassable, infatigable, toujours avide de
relever de nouveaux défis, vous vous lancez en 2001, sur TF1, dans la
présentation d’émissions de divertissement, et notamment la Star Academy, qui
réalise chaque année des records d’audience. Vous transformez tout ce que vous
tentez en magnifique réussite, et le succès de l’émission " 50 minutes
inside ", dont TF1 vous a récemment confié la présentation, ne me
démentira pas.
Vous présentez également, depuis 2005, une
émission culturelle sur LCI, " Ça donne envie ", dans laquelle vous
avez déjà donné la parole à de nombreuses personnalités confirmées et à des
jeunes talents du monde culturel, d’Éric-Emmanuel Schmitt à Bianca Li, de
Michel Onfray à Marie-Claude Pietragalla. Vous poursuivez, à l’écran, vos
amours littéraires, qui nourrissent, en privé, vos conversations passionnées
avec vos amis Vassili Vassilikos - présent parmi nous, que je salue - Aris
Fakinos, Jean-Christophe Rufin, ou encore Patrick Poivre d’Arvor.
L’amour de la scène vous a également suivi
pendant toutes ces années, et vous l’avez mûri aux côtés de vos amis les plus
fidèles, Stéphane Cosnefroy, Nicolas Chabane, et, hasard ou juste retour des
choses, Claude François Junior. Vous avez fait vos premières armes dans la
musique avec eux, à vos vingt ans, et vous ne les avez jamais quittés depuis.
C’est d’ailleurs Nicolas Chabane qui vous offre votre première occasion de vous
faire dénicheur de talents, lors d’un festival dédié aux Beatles. Le chanteur
du groupe manquant à l’appel, vous plongez dans le métro, pour trouver un
guitariste qui s’improvise remplaçant. C’est le premier de la longue liste de
talents qui ont fait leurs débuts sur scène grâce à vous !
Avec Stéphane Cosnefroy, vous organisez
aujourd’hui des concerts au profit de l’association Terry le petit ange, pour
les enfants atteints du cancer. Vous avez également créé un Festival de jazz, à
Fiskardo, en Céphalonie, face à Ithaque. Vous vous attachez enfin à mettre en
lumière, et à mieux faire connaître les nouveaux talents de la scène grecque.
Car vous êtes avant tout un fantastique
passeur de cultures, entre la France et la Grèce. En 2004, lors de votre
participation à la cérémonie des Jeux Olympiques d’Athènes, vous choisissez de
vous adresser au stade en français. Et inversement, vous avez fait chanter
Patrick Bruel en grec, dans une adaptation inédite de Casser la voix. Depuis
deux ans, vous écrivez chaque semaine, dans le Journal du dimanche grec, des
chroniques de la vie en France.
Vous avez participé à de nombreux évènements
culturels francophones, les États généraux de la francophonie, le Festival du
film francophone, et le Centenaire de l’Institut français de Thessalonique.
Grand admirateur également de l’engagement de
l’Académicienne Jacqueline de Romilly en faveur de l’enseignement du grec
ancien, vous l’avez accompagnée, l’année dernière, dans le lancement de son
appel à témoignages auprès de jeunes adolescents. Vous vous êtes rendu, à ses
côtés, à l’Institut de France, le 17 avril dernier, pour remettre les prix aux
dix jeunes lauréats du concours.
Je salue aujourd’hui un homme d’engagements,
intuitif et audacieux, travailleur et généreux, disponible, et ouvert. Un homme
à l’énergie extraordinaire, qui s’investit dans des projets aussi nombreux que
divers, au gré de sa curiosité sans fin et de sa belle sensibilité.
Nikos Aliagas, au nom de la République, nous
vous faisons Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : 5 septembre 2008