Brève n° 120
Nice ou la victoire en Ligurie
par François Giron
Le
Point, spécial « Gaule Romaine »,
14 août 2008, n° 1874
Nice,
comptoir marseillais, est fondée en pays ligure au Ve siècle avant J.-C.
Appelée
alors Nikaia (« victoire », en grec), elle devient Nicaea avec l’arrivée des
Romains.
Nice
doit son nom à la Grèce, à Nikaia, modeste comptoir marseillais en pays ligure,
fondé, semble-t-il, vers 400 avant J.-C., autour et sur le puissant rocher qui
domine le port actuel et que l’on appelle le château. Nikaia, un bien joli mot
forgé sur Nikè, la Victoire en grec. C’était peut-être en effet une victoire
que d’avoir installé un lieu d’échanges et de commerce au sein d’un peuple
particulièrement impétueux. Ces Ligures, dont le territoire s’étendit au long
du golfe de Gênes depuis Marseille jusqu’à La Spezia, verrouillaient fortement
le passage des Alpes entre Menton et Vintimille, comme le faisaient également
d’autres peuples alpins qui tenaient les hautes vallées et les cols. Entre-25
et-13, les Romains, souvent menés par Auguste lui-même, réussirent à soumettre
ces peuples guerriers. Les Ligures furent bons derniers. Et l’on put prolonger
de Gênes à Arles la vieille voie Aurelia, devenue Julia Augusta. Nikaia fut
rebaptisée Nicaea, tandis que le territoire des Ligures locaux devenait la
province des Alpes maritimes (Alpes maritimae) avec pour capitale Cemenelum,
aujourd’hui Cimiez, simple quartier de la ville.
La
soumission des gaillardes tribus alpines nous a valu un site archéologique
majeur, voué à la grandeur d’Auguste, le trophée des Alpes. Edifié au plus haut
point (450 mètres) de la voie Aurelia, à La Turbie, juste au-dessus de Monaco,
le monument à base carrée (30 mètres de côté) était haut de 50, réduit à 35
aujourd’hui. Louis XIV, jaloux sans doute, le fit miner sans parvenir à le
détruire. Le trophée-il n’en reste qu’un autre aujourd’hui, en Roumanie-portait
une dédicace à l’empereur et la liste, aujourd’hui reconstituée grâce à Pline,
des 44 tribus soumises.
Dernier
point : les plus anciens Niçois ne sont ni ligures, ni grecs, ni romains. Ils
vivaient là depuis bien longtemps et faisaient griller leur gibier sur la
plage, au lieu-dit « Terra Amata », sur un bon feu dont le grand préhistorien
Henry de Lumley et ses collaborateurs ont pu dater les cendres, bien
refroidies, de 400 000 ans.
Cabotage
à l'antique sur la Côte d'Azur
Si
vous êtes en vacances sur la Côte d'Azur, vous pouvez vous amuser en cabotant
de port en port ou de plage en baie selon un itinéraire qui fut celui des
marchands marins étrusques, grecs, phocéens, massaliotes et finalement romains.
Voici la liste des lieux reconnus :
1 Portus Herculis
Monoeci : Monaco.
2 Auis(i)o : cale
Saint-Laurent, à Eze.
3 Anao : Port
Saint-Jean (Cap-Ferrat).
4 Olivula :
Villefranche.
5 Nikaia : Nice.
6 Antipolis :
Antibes.
7 Lero-Lerina :
Sainte-Marguerite-Saint-Honorat.
8 Forum Julii :
Fréjus.
9 Sinus
Sambracitanus : golfe de Saint-Tropez.
10 Heraclea
Caccabaria : Cavalaire.
11 Pomponianae :
près d'Olbia (Hyères).
12 Telo Martius :
Toulon.
13 Tauroentum : Le
Brusc.
14 Citharista : La
Ciotat.
15 Carsicis :
Cassis.
17 Immadrae : cap
Croisette (La Madrague ?).
18 Massalia :
Marseille.
19 Dilis : près du
cap Couronne.
20 Fossae Marianae :
Fos.
21 Gradus
Massalioticorum : Grau-des-Marseillais.
22 Arelate : Arles.
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : 17 septembre 2008