Article
de Robin Delisle, « Un rapport du Sénat s’en prend au grec et au latin »,
samedi 14 juin 2008, http://www.portique.net/spip.php?breve513
Voici un échange entre sénateurs lors de la
commission du Sénat présidée par le Sénateur Legendre, évoquant une distribution
des notes et des mentions qui tient largement à l’effet du double jeu des
coefficients et des options facultatives :
« Votre groupe de travail s’est également
étonné de la très forte hausse de la proportion de bacheliers avec
mention : en 10 ans, la proportion de bacheliers avec mention est passée
de 31,5 % à 40,2 % et a même triplé s’agissant des seules mentions très bien.
(Tableau des mentions)
Votre groupe de travail a interrogé
systématiquement ses interlocuteurs sur les raisons de cet accroissement
particulièrement significatif. La même explication lui a toujours été
apportée : cette augmentation trouverait son origine dans l’existence
d’options facultatives assorties d’un coefficient particulièrement favorable.
Les candidats peuvent en effet choisir deux
options facultatives. Seuls les points au-dessus de la moyenne comptent alors.
Pour la première de ces options, ou la seule, si l’élève n’en a choisi qu’une,
les points supplémentaires ainsi obtenu sont multipliés par deux ou, s’il
s’agit du latin ou du grec, par trois.
Dès lors, ces
épreuves sont affectées d’un coefficient qui n’en est pas vraiment un. Il
s’agit, en quelque sorte, d’une démultiplication des points supplémentaires,
qui ne peut qu’être favorable aux candidats qui les ont choisies.
Votre groupe de
travail est sensible à l’existence de ces options, qui dans leur principe
permettent aux élèves de suivre des enseignements dont l’apport est indéniable.
Pour autant, il s’interroge
sur l’effet que celles-ci ont sur les résultats au baccalauréat. A cet égard,
il lui semble donc souhaitable de revenir à une situation où ces options
apportaient des points supplémentaires sans que ceux-ci ne soient
multipliés. »
Cette
argumentation est tout simplement honteuse : quid du statut des TPE
(épreuve obligatoire à notation de type facultatif : les points au-dessus
de 10 sont doublés) dans ces conditions, car il joue un rôle très important
dans l’augmentation des mentions : tout le monde bénéficie de ces points
gratuits puisque les TPE sont obligatoires depuis 2006 (soit comptabilisés
depuis la session 2007), alors qu’il ne s’agit en aucun cas de la sanction d’un
enseignement disciplinaire.
Par
ailleurs, l’augmentation des mentions a une autre origine. La DNL (discipline
non-linguistique des mentions européennes) est depuis deux ans intégrée dans
les options facultatives, avec points au-dessus de 10 doublés aux aussi. Ainsi,
le nombre d’élèves bénéficiant systématiquement de deux options facultatives a
beaucoup augmenté, et avec les TPE obligatoires, beaucoup ont ainsi trois
matières à points au-dessus de 10 doublés. S’en prendre aux langues
anciennes est un défaut d’information, et parler à propos des options
"d’une démultiplication des points supplémentaires, qui ne peut qu’être
favorable aux candidats qui les ont choisies" ne tient pas la route
puisque justement les TPE ne sont pas choisis, mais obligatoires.
Le
blog Démocratie et hérésie économique précise la nature de ce rapport indigne :
« « Dans les propositions à la c..., il y
a la 9, par exemple :
Supprimer les coefficients pour les
épreuves de tronc commun et les options facultatives.
Chapeau : cela signifie que l'on envoie ch.. tous
les candidats qui ont fait l'effort de poursuivre une option pendant des années
et qu'en même temps, on ne fait plus de différences entre les mathématiques et
la natation pour quelqu'un qui aspire à
poursuivre des études d'ingénieur. Question pour un champion : et comment les
Universités , et a fortiori les classes préparatoires vont recruter leurs
étudiants ? On aura un système encore
plus hypocrite, soit d'accès sur concours (et je peux vous garantir qu'il sera
coefficienté, celui-là) soit de sélection sur dossier avec des disciplines qui
se verront à nouveau attribuer des coefficients. »
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : 7 NOVEMbre 2008