Brève n° 160
Petit éloge de l’édition italienne
François
Prost, « Petit éloge de l’édition italienne », billet du 14 octobre
2007 sur son blogue personnel
Lorsque
l’on « fait des Lettres Classiques », le rituel Voyage en Italie
cher aux humanistes de la Renaissance peut commencer dans son salon, avec la
découverte des trésors (souvent insoupçonnés de ce côté-ci des Alpes) de
l’édition italienne contemporaine. Aussi bien, qui est allé en Italie, ou que
ce soit, et a eu la curiosité d’entrer dans une quelconque librairie, même de
20m2 dans un village perdu, même un point-presse de gare ou d’aéroport, n’a pu
que remarquer que les Italiens, manifestement, lisent et achètent encore des
textes anciens, au même titre que des romans ou des essais contemporains :
« believe it or not », à l’aéroport Fiumicino de Rome, on pouvait le
mois dernier occuper son attente avec la lecture de l’Odyssée, ou des
dialogues de jeunesse de Platon, en édition bilingue de bonne qualité, pour
moins de 10 euros le volume...
Deux
raisons, sans doute, contribuent à cet étrange survivance de l’Antiquité :
d’abord, un professionnalisme, certainement aussi un niveau de culture et
peut-être même un sens du devoir intellectuel des responsables éditoriaux qu’on
chercherait en vain chez la plupart de leurs collègues français. Ensuite, et
surtout, le fait que l’approche scolaire de l’Antiquité est là-bas à mille
lieues de ce qui se pratique ici, permettant aux lettres anciennes de connaître
une certaine diffusion, et de continuer à occuper une véritable place dans la
culture générale. Bref, les éditeurs font bien leur travail, et trouvent un
public que l’on ne s’est pas complu à faire disparaître, c’est aussi simple que
cela.
Malheureusement
(pour nous), l’apprentissage de l’italien est extrêmement marginal en France,
et sans doute bien peu des éventuels lecteurs de cette note se sentiront a
priori intéressés -- bien à tort ! à l’inverse, la pratique des livres dont je
vais maintenant parler constitue un bon marchepied pour se mettre à l’italien
sans peine... et j’en sais quelque chose, puisque c’est ce que j’ai fait
moi-même. Après cela, il n’y a plus qu’à aller passer ses vacances à Rome ou à
Naples, pour la pratique, se faire quelques amis italiens sur place ou sur
internet, et le reste suit: pour la langue elle-même, vous prenez un peu de
français, pas mal de latin, un petit dictionnaire et une grammaire
rudimentaire, vous touillez, c’est prêt !
Ainsi donc, le marché du livre italien
foisonne d’éditions particulièrement riches, à la fois en extension et en
qualité - le tout à des prix défiant toute concurrence. Disons que pour
quelques centaines d’euros (en soi c’est une somme, mais étalé sur un espace de
temps raisonnable, c’est un investissement modeste) on peut se procurer un
début de véritable bibliothèque de textes classiques, comptant les principaux
auteurs, avec des textes très bien établis, des traductions vivantes et
fiables, et le plus souvent d’excellentes synthèses, en introduction et notes,
du meilleur de la « science » dans le domaine.
En effet, la pratique courante de ces maisons
d’édition est la suivante: le texte original reproduit est, dans la plupart des
cas, celui qui fait autorité (Oxford, Teubner, parfois Budé, ou autre édition
spécifique) et il est reproduit en belle impression lisible (c’est important
surtout pour le grec, à cause des accents et des esprits); la traduction, la
présentation, les notes sont confiées à d’excellents spécialistes
contemporains, qui ne croient ni déchoir à pratiquer ce genre de
« vulgarisation », ni ne pensent avoir trouvé là moyen commode
d’arrondir leurs fins de mois en bâclant un travail superficiel. On ne peut
qu’être admiratif devant l’effort (et la réussite, en général, de cet effort)
pour rendre accessibles, en un propos synthétique et clair, des questions
parfois complexes, sans les passer au rouleau compresseur, et aussi devant le
soin apporté à enrichir la réflexion en la sortant des ornières d’une approche
étroitement érudite, pour les seuls happy few du microcosme. En outre, le parti
pris matériel de l’édition est tout à l’avantage du lecteur: soit gros volumes
qui concentrent les oeuvres massives ou des corpus entiers, soit au contraire
éditions spécifiques d’oeuvres singulières (pièces de théâtre, ou traité
philosophique isolé, par exemple), avec un travail approfondi sur le texte en
question. Un ami de Platon, par exemple, pour aussi bien s’offrir une
« intégrale », avec le texte d’Oxford, en coffret à 35 euros, ou les
dialogues en volumes séparés n’excédant les 10 ou 12 euros que pour les plus
gros (République, Lois), aux bons soins de spécialistes internationalement
reconnus et qui n’ont pas chômé.
Pour
une présentation succincte, je distinguerai trois "familles"
d’éditions, que je recommande également toutes les trois :
1.
Les « poche » très économiques (comptez 6 à 15 euros max.): trois
éditeurs se distinguent particulièrement: Rizzoli (« Biblioteca Universale
Rizzoli - testo a fronte », abrégée en BUR), offre un large catalogue,
très soigneusement renouvelé et enrichi; c’est peut-être la collection la plus
dynamique et la plus intéressante; on y trouve presque tout, et il est vraiment
rare que l’on soit déçu (quelques volumes sont d’un moindre intérêt pour ce qui
est de l’accompagnement du texte); dans cette collection, je recommande tout
particulièrement (aussi parce que c’est mon domaine de prédilection) les
éditions des textes philosophiques et rhétoriques: Platon, en particulier dans
ses textes les plus difficiles (Lettres, derniers dialogues) a fait l’objet de
très belles éditions qui éclairent bien le texte et les enjeux actuels de la
recherche; pareillement pour plusieurs grands textes d’Aristote (politique,
éthique à Nicomaque, Réfutations sophistiques); surtout, il faut se ruer sur
les exceptionnelles éditions de Cicéron par Emmanuele Narducci, un de ses
meilleurs spécialistes, qui propose des introductions-présentations constituant
en fait de petits livres dans le livre (une centaine de pages) d’une lumineuse
intelligence, qu’on ne se lasse pas de lire et relire. Quelques corpus attirent
aussi l’attention: par exemple, le recueil d’Inscriptions Funéraires Romaines,
ou, pour les esprits coquins, celui des Carmina Priapea, ou encore, l’un
des dernier-nés, celui des fragments des sophistes traduits d’après l’édition
de référence Diels-Kranz par l’excellent Mauro Bonazzi. Bien sûr je ne connais
pas tous les volumes de la collection, mais il me semble qu’on peut s’y fier
presque aveuglement -- au pire, l’annotation est décevante parce que trop
réduite ou peu informative, mais à tout le moins on se console avec un bon
texte, ce qui reste quand même l’essentiel. Deux concurrents ne sont pas à
négliger : d’abord Garzanti « I grandi libri - con testo a fronte »
de même format (petits poche) avec dans l’ensemble la même philosophie
éditoriale, mais un catalogue, me semble-t-il, plus restreint aux grands
incontournables. L’annotation, rejetée en fin de volume plutôt qu’en bas de
page, peut être très dense et riche; le texte et sa présentation sont aussi
volontiers accompagnés d’un « essai (saggio) », par un autre savant,
qui propose une réflexion d’ensemble sur le texte - celui de Giana Petrone,
complétant la présentation de Nicoletta Marini pour le volume réunissant le De
senectute et le De amicitia de Cicéron est vraiment excellent.
Ensuite, Mondadori, dans sa collection « Classici Greci e latini - Testo a
fronte », propose un catalogue lui aussi réduit, mais, pour les volumes
que je pratique, de bonne qualité, avec des livres de plus grand format, au
beau papier bien blanc, remarquablement imprimés - et pour certains titres un
annotation somptueuse (je pense aux Dialoghi de Sénèque, en 2 volumes, qui sont
actuellement en cours de réimpression), ou simplement sérieuse et très utile
(la Guerre Civile de César a été un de mes bonheurs de lecture de l’été) ; je
recommande particulièrement les éditions des Lirici Greci, dont je n’ai
à vrai dire pratiqué qu’un des 4 volumes (les 3 autres étant aussi en
réimpression cet été) : ne figurent que les fragments qui sont lisibles, et qui
sont bien traduits, avec des présentations succinctes mais allant à
l’essentiel; belle édition aussi de Properce, et de Virgile (bonheur d’une Énéide
en un seul volume, bien traduite et bien annotée). Au rang des petites
expériences amusantes, je relis en ce moment la Théogonie d’Hésiode dans
cette collection (reproduisant l’édition Oxford récente, avec les sigma en
demi-lune), juste après l’avoir lue en Budé, qui a sans doute été bonne en son
temps, mais a mal vieilli; l’éditeur italien propose, en quelques pages
d’introduction, une synthèse remarquable sur l’œuvre, éclairée par l’apport de
la recherche récente tant en anthropologie historique qu’en histoire
littéraire, et fournit en notes abondance d’éclaircissements sur les thèmes
mythologiques ; le texte lui-même n’est pas haché menu au nom de prétendues
interpolations à répétition, et la traduction, très littérale et vers à vers, à
l’immense avantage de dispenser le lecteur un peu paresseux de tourner
inlassablement les pages du Bailly pour débusquer le vocabulaire un peu rare;
pour les noms propres signifiants par eux-mêmes, le traducteur propose des
équivalents italiens qui mettent de la vie dans des listes en elles-mêmes assez
fastidieuses (les Néréides, etc.). Du reste, cela semble être la règle de la
collection, de proposer pour les textes poétiques des traductions en
vers-à-vers, ce qui rend ces traductions particulièrement précieuses comme
accompagnement d’une lecture cursive du texte ancien.
2.
À côté de ces éditions typiquement « poche », quelques institutions
proposent des éditions de format classique, en général en beaux livres bien
reliés - donc souvent plus onéreux (mais pas toujours) - mais bien épais et
valant largement leur prix. Je distinguerai tout particulièrement deux
collections, qui d’ailleurs sont par elles-mêmes des références reconnues au
meilleur niveau de la recherche: d’abord la très belle collection
« Fondazione Lorenzo Valla », chez Mondadori encore une fois - gros
livres bleus à jaquette jaune, avec ruban marque-page et très belle typographie
sur papier bien blanc, au prix unique de 27 euros le volume; le catalogue se
partage entre, d’un côté, des textes relatifs aux premiers temps du
christianisme, de l’autre, de grands classiques de l’Antiquité classique
(Homère, Pindare, Platon, Virgile, etc.) et de l’historiographie et de la
géographie antiques (Hérodote, Arrien, Plutarque, Pausanias, etc.) et aussi des
recueils très spécifiques et particulièrement précieux (Hymnes Orphiques,
fragments et témoignages sur les religions à mystères, textes anciens sur les
origines de Rome). Chaque volume (en tout cas pour ceux que je connais) est un
petit trésor de savoir et de synthèse, à vous faire venir les larmes aux yeux -
et comme l’éditeur ne refuse rien à son lecteur, lorsque l’annotation en fin de
volume est décidément très importante, un signe en marge de la traduction
distingue parmi les notes celles qui sont les plus importantes des plus
accessoires... Pour faire la paire avec Hésiode, je me suis plongé avec délice
dans la Bibliothèque d’Apollodore, hésitant à trancher la question de
savoir ce qui, du texte ancien ou de son commentaire érudit, est plus
passionnant. Le seul regret que l’on puisse nourrir, c’est qu’il n’y ait pas
plus de titres disponibles... mais si la rareté est le prix d’une telle
qualité, on s’en console. L’autre monument, ce sont les éditions universitaires
UTET - jusqu’à très récemment assez inaccessibles, du fait de leur prix très
élevé (au moins 60 euros le volume), mais que l’éditeur, depuis environ deux
ans, a eu l’idée géniale de remettre sur le marché en réimpression économique:
comptez une quinzaine d’euros, voire moins, pour un très beau volume, certes
avec couverture souple (mais jolie, d’ailleurs, et solide) - toujours une vraie
reliure, et une excellente qualité tant de papier que d’impression, pour des
livres volontiers massifs (une Odyssée en un volume, les Lettres à
Atticus de Cicéron, dans l’excellente édition Shackleton-Bailey en 2 volumes,
faisant concurrence à l’édition Loeb ; l’intégrale Martial en un seul, Hérodote
et Thucydide chacun en deux volumes, etc.). Pour l’heure, les titres ainsi
reproduits sont encore rares, et on bave d’impatience devant la perspective de
pouvoir bientôt disposer d’un si beau fonds. Tout là-dedans est excellent, il
n’y a rien à dire de plus...
3.
Pour finir, un cas particulier, celui des éditions Bompiani : particulier non
pas tant en fonction du contenu (dont, dans l’ensemble, il n’y a que du bien à
penser), que pour des raisons, disons, idéologiques. En effet, Bompiani
constitue, dans le monde de l’édition, le bras armé du courant intellectuel
catholique néo-thomiste, qui n’est pas, pour dire le moins, un puissant facteur
d’évolution sociale... Cela ne donnera peut-être que plus de raisons à certains
de s’y intéresser, moi, cela me ferait plutôt tordre le nez; mais enfin, à
chacun ses convictions, et quoi qu’il en soit, dans le domaine de la
philosophie ancienne, il faut sans conteste reconnaître à cette maison de
produire de très beaux et très utiles ouvrages, que d’ailleurs, m’asseyant
confortablement sur ma conscience, j’achète sans hésiter les yeux fermés dès
leur parution (sauf le recueil des sermons et prières de feu Jean-Paul II, il y
a quand même des limites). Il s’agit de la collection baptisée « Il
pensiero occidentale » - de très gros livres lorsqu’il y a matière
(jusqu’à plus de deux mille pages) au prix moyen de ... 30-35 euros. Deux types
d’ouvrages sont particulièrement notables: d’un côté, la réédition (fac-similé
sur la page de gauche), précieusissime, de corpus qui ont fait les grandes
heures de la philologie germanique de la fin du 19e et du début du 20è siècle,
travaux herculéens de collecte de sources sans lesquels notre savoir de la pensée
antique ne serait absolument pas ce qu’elle est : on ne peut que tomber dans
les transes devant la possibilité enfin offerte d’avoir chez soi sous la main
les Fragments des Anciens Stoïciens (Stoicorum Veterum Fragmenta)
de Von Arnim, les Fragments d’Épicure (Epicurea) d’Usener, et
depuis cette année les Fragments des Présocratiques de Diels-Kranz
(« DK »); et grenouille de bénitier ou non, on met quand même des
cierges à l’église en priant pour une prochaine réédition des Doxographi
Graeci, histoire que le bonheur soit complet. En attendant, on patiente
avec l’autre catégorie, celle de textes plus ou moins tardifs, et jusqu’à
présent volontiers délaissés, ou alors réservés à un très petit cercle
d’éminents spécialistes : œuvres de la grande tradition néo-platonicienne
(Plotin, Proclus, etc.), commentaires savants de l’antiquité (Martianus
Capella, Macrobe), érudition de la sophistique impériale (Eunape, Philostrate);
vient de paraître un gros Lucien intégral - certes sans aucune note, c’est bien
dommage, mais bon, on a tous les textes en un seul volume, avec une traduction
un peu ancienne mais qui fait encore référence en Italie. En outre, le maître
d’œuvre, G. Reale, a procuré une imposante Métaphysique d’Aristote, avec
une surabondante annotation, et plusieurs dialogues de Platon (Reale est un des
tenants de la thèse très contestée et très contestable d’une doctrine secrète
et orale de Platon - thèse de l’allemand Krämer - et il convient d’aborder tout
ce qui touche de près ou de loin à ce thème avec prudence; pour le reste,
l’extraordinaire érudition de G. Reale ne peut que forcer le respect; le même
savant a aussi, chez le même éditeur, rédigé une monumentale histoire de la
pensée antique en 10 volumes (réunis en un coffret très bon marché), qui
propose des synthèses bien documentées et très claires; le dernier volume,
uniquement consacré à la bibliographie, est un outil particulièrement précieux
pour s’y repérer, au moins au début, dans la jungle de la production savante
dans la discipline.
À
côté de ces piliers, il y a encore bien des trésors à découvrir, soit chez de
petits éditeurs racés (comme Sellerio, ou Salerno), soit dans des collections
savantes particulières (au premier rang desquelles la superbe collection
Elenchos, publiée à Naples par Bibliopolis, qui propose aussi sous le même
titre une excellente revue de recherche en philosophie ancienne). Mais dans
l’ensemble ces ouvrages visent un public plus spécialisé.
Reste
la question pratique : tous ces beaux livres, comment se les procurer ? Il y a
toujours, bien sûr, l’option du bon vieux séjour en Italie ; entre un café et
une promenade sur le Palatin, on achète une valise vide et on la remplit à
grands coups d’expéditions punitives, par exemple dans la grande chaîne de
librairies Feltrinelli, un de ces lieux où l’ami des livres comprend enfin le
supplice du diabétique enfermé dans une pâtisserie. Ça marche toujours, et ça
fait de jolis souvenirs de voyage. Mais on peut aussi se faire livrer à
domicile, grâce à internet (si toutefois on ne craint pas un coup de fusil de
son banquier le soir au coin du bois). Il existe en effet un nombre notable de
sites d’achat parfaitement sécurisés, qui expédient à l’étranger. Le problème,
ce peuvent être alors les frais de port: renseignez-vous bien avant de commander
(de toute façon on le voit tout de suite en faisant une simulation d’achat). Je
suis pour ma part ravi des services du site www.libreriauniversaria.it
(merci à Alessandro Garcea qui me l’a fait connaître !) : catalogue bien fourni
(quand je n’ai pas trouvé, c’est que de fait le livre était épuisé), parfois
des promotions de 20 à 30 %, une expédition rapide par transporteur, et un
service de retour-échange en cas de produit défectueux tout à fait fiable. Seul
petit bémol, les délais de fourniture annoncés sont parfois trompeurs, mais
bon, la perfection n’est pas de ce monde. En tout cas, l’immense avantage de ce
vendeur, c’est que le port se paie au forfait (13 euros par expédition); si
donc l’on est patient et organisé, on constitue progressivement sa liste
d’achat, et on commande en bloc, sans aucun supplément selon le nombre de
livres. À ma connaissance, aucun autre site n’offre cet avantage, qui compte
lorsqu’on achète ses livres par paquets de 30 ou 40... Et pour les titres
épuisés, on peut toujours se rabattre sur « AbeBooks.fr - Livres neufs et
d’occasion, ouvrages rares et anciens, livres épuisés », qui référencie
également des librairies d’occasion italiennes expédiant en France.
NB
: Je n’ai aucun intérêt financier personnel à promouvoir les sites de vente que
j’indique...
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : 16 NOVEMbre 2008