Brève n° 162
Pour pouvoir faire grec et latin…
Martine Lecaudey, « Albi. Le
lycée Bellevue remobilisé », La Dépêche, 16 septembre 2008
Les
enseignants et leurs élèves ont débrayé hier matin à 10 heures. Ils ont
protesté contre le manque d'heures pour assurer les options et certains cours
obligatoires.
Hier
après la récréation de 10 heures au lycée Bellevue, professeurs et élèves ont
sagement rejoint leurs classes respectives. Et procédé à l'appel traditionnel.
Après quoi tous ou presque se sont retrouvés dans la cour, pour un débrayage
d'une demi-heure destiné à faire le point et à protester contre l'insuffisance
de dotation horaire qui empêche l'établissement d'assurer certaines options et
même certains enseignements pourtant obligatoires.
En
assemblée générale jeudi une inter syndicale SNES FSU- FO éducation et SGEN
appelait à ce débrayage. Une large majorité de professeurs du lycée ayant cours
hier se sont retrouvés hier dans la cour avec leurs élèves.
«
Ce que moralement nous vous devons, nous ne pouvons pas l'assurer » a expliqué
aux élèves Christian Robert, professeur d'histoire géographie, évoquant la
disparition des options théâtre, art plastique ou encore italien ou russe.
«Beaucoup n'ont pas les enseignements optionnels pour lesquels ils se sont
inscrits dans cet établissement. L'an dernier vous vous êtes battus de façon
inventive pour conserver ces options, voilà le résultat», a poursuivi
l'enseignant.
Gilles,
16 ans, élève en 1re L habite le Sud-Aveyron. Il a choisi Bellevue
plutôt que le lycée de Rodez pour pouvoir faire grec et latin. « Cette année,
on me demande de choisir parce que les deux cours sont en même temps. C'est
hors de question. Je suis en colère ! », témoigne le jeune homme, très
engagé dans les manifestations organisées l'an dernier.
Même inquiétude pour Sarah, 18 ans en terminale ES option théâtre : « Déjà que
la partie théorique de l'option se fait en dehors des cours, après 18 h, on ne
sait même pas si on aura assez d'heure avec le professeur de théâtre ». Zoé, 16
ans, en terminale L, étudie le russe depuis la 2nde, sans vraiment l'assurance
de pouvoir continuer : « On sait juste qu'on sera mélangé avec les 1ères ».
Des
classes à 36 élèves
«
La direction a dû faire des choix qui permettent de terminer le cycle en
prenant des heures d'enseignement obligatoire en éducation civique, juridique
et sociale… On assume et j'envoie ce matin la dernière répartition de service
pour que l'académie soit informée. On peut comprendre l'action des enseignants.
Il y a une rupture de contrat de la part de l'éducation nationale vis-à-vis des
élèves », estime Yves Gouyen, proviseur adjoint, en évoquant également la
lourdeur des effectifs dans certaines classes (seconde et terminale économie à
36 élèves). Des effectifs aggravés, en particulier en langue, faute d'heures et
de professeurs suffisants, par d'inévitables regroupements de classes.
Nommé
il y a tout juste 15 jours, Claude Lecomte, le nouveau proviseur avoue manquer
encore de recul mais comprendre le mécontentement général. « Je viens d'un
établissement où il était difficile de convaincre les jeunes que le lycée est
un tout au-delà des cours. Et j'ai découvert un lycée avec des élèves et des
équipes extrêmement motivés pour l'enseignement optionnel et facultatif.
Aujourd'hui, je me place sur cet axe » explique le proviseur.
Les
enseignants attendent d'être reçus par l'inspecteur d'académie.« On s'est battu
l'an dernier, ça n'a rien donné. Mais on est prêt à recommencer des demain s'il
le faut » insiste Gilles.
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : 16 NOVEMbre 2008