25 mars 1821, indépendance de la Grèce
Billet d’A.G dans Le Petit Journal d’Athènes, le
mercredi 25 mars 2009
Le
25 mars n’est pas seulement un jour férié, prétexte à un long week-end chômé.
C’est avant tout la célébration de l’indépendance grecque. Retour sur un
événement fondateur de l'identité nationale.
La
Grèce est l’un des rares pays au monde à posséder deux fêtes nationales. Le 28
octobre qui célèbre le refus des grecs d’autoriser Mussolini à utiliser leur
pays comme base militaire. Un NON vigoureux qui a précipité l’entrée de la
Grèce dans la guerre en 1941. Et puis le 25 mars, début de l’insurrection
grecque contre l’empire Ottoman.
Le
25 avril 1821, l’archevêque de Patras Germanos, figure mythique de la
révolution grecque, proclama la guerre de libération nationale. En réalité, le
soulèvement était déjà commencé depuis le 15 mars sur toute la côte ouest du Péloponnèse
mais la date du 25 a été symboliquement retenue car elle coïncidait avec le
jour de l’annonciation à la vierge (Evangelismos), fête très importante dans le
calendrier orthodoxe.
Dans
l’imaginaire et dans les livres d’histoire français, la guerre d’indépendance
de la Grèce se résume à une vaste épopée romantique dans laquelle se seraient
lancés avec bravoure artistes et intellectuels européens. Le guerrier grec y
est valeureux, porteur des valeurs de liberté et de probité. Un portrait, assez
réaliste au demeurant, dressé par des écrivains comme Hugo ou Byron ou par des
peintres comme Delacroix.
Mais
cette sublimation ne doit pas dissimuler qu’il s’agissait avant tout d’une
guerre. Une guerre sanglante qui aura duré 9 ans, jusqu’à ce qu’en 1830, lors
de la conférence de Londres, les grandes puissances européennes reconnaissent
le principe de l’indépendance de la Grèce.
Déroulement
de la guerre
Dans
les premiers temps, les insurgés volent de victoire en victoire. Les Turcs
n’ont pas vraiment anticipé le soulèvement et le sultan est par ailleurs très
occupé à contenir les ambitions de son vassal Ali Pacha, administrateur de
l’Épire, et qui se verrait bien vizir à la place du vizir comme dirait
Iznogoud. Le 12 janvier 1822, à Épidaure, l’assemblée des députés grecs
proclame l’indépendance de la Grèce, vote une constitution et choisit comme
président Aléxandros Mavrokordátos. Le Péloponnèse, la Grèce centrale et la
majeure partie des îles sont alors libérées. Mais la Sublime Porte se reprend
et, secondée par son puissant allié égyptien Méhmet Ali, inflige plusieurs
revers à la rébellion grecque. C’est l’époque du massacre de Chios peint par
Delacroix. Très souvent oubliées par l’histoire, des divisions se font aussi
jour dans le camp des Grecs ; guerriers et politiciens ne faisant pas bon
ménage. En 1825/26, l’issue est des plus incertaines et c’est alors
qu’intervient le tournant décisif que représente l’entrée en jeu des puissances
étrangères.
Aide
des puissances européennes
Avec
la Russie tout d’abord. Qui finance, arme et entraîne les Grecs dans de grandes
proportions. Catherine II, impératrice de toutes les Russies, se voyant bien
remplacer l'Empire ottoman par un « Empire des Balkans », protégé par
la Russie, voire gouverné par un Russe. Cette implication russe inquiète les
Anglais qui dès lors s’engagent aussi aux cotés des Grecs. La France, ses
intérêts dans la région n’étant pas primordiaux, suivra sans grand
enthousiasme. En 1827, une flotte conjointe russe, française et britannique
rencontre et détruit, sans l'avoir vraiment cherché la flotte turco-égyptienne
lors de la bataille de Navarin. Après cela, il faudra encore 3 ans pour que les
Grecs obtiennent leur indépendance, mais plus de 100 ans pour se sortir de la
tutelle encombrante de leurs chers voisins libérateurs.
Les
frontières de la Grèce contemporaine n’existent que depuis à peine 60 ans avec
l’entrée de Rhodes dans le territoire grec en 1948. L’État grec moderne est
donc un état relativement jeune, n’ayant connu - de sa naissance en 1822 jusqu’à
la chute de la dictature en 1974 - qu’une alternance de troubles plus ou moins
intenses. Une réalité à prendre en compte dans la grille de lecture de la Grèce
d’aujourd’hui.
DATE DE
PUBLICATION EN LIGNE : 31
MARS 2009