Brève n° 225
Les Dionysies 2009
Déjà
le printemps, et la 4e édition du festival de théâtre antique, les
Dionysies, a eu lieu à Paris du 21 au 29 mars, dans le lieu magique des
Cordeliers. Pour l’an prochain, contactez-les :
contact@dionysies.org !
Où pourrait-on, sans les Dionysies, entendre
Lucrèce, Virgile et Homère dans leur idiome, et dans de subtiles et belles
transpositions rythmiques, comparer deux adaptations des Troyennes, revoir les
Perses d’Eschyle dans la pure tradition de la Sorbonne, passer d’Oedipe roi à
Antigone, et des psaumes au chant soufi ?
Et découvrir des jeunes comédiens livrer leur
secret d’Iphigénie ? ou voir un Cyclope rouennais renaître au détour d’un
hexamètre ?
et admirer le Chœur, mystérieuse réserve
d’énergie, puissant levier de la construction tragique ?
On y découvrira même un chœur improvisateur,
refaisant le geste de Mallarmé...
Le temps d’une table-ronde, on s’instruira en
se délectant d’entendre du Cicéron et du Platon, et on apprendra à lire et à
scander un manuscrit d’Homère.
On dit que des classes viennent y apprendre à
jouer la tragédie grecque...
Et que des gens viennent de très loin y
entendre la voix réincarnée de Sappho.
Programme :
·
Chant sacré de Sappho,
·
lyre des aèdes, lyre retrouvée du vieil Homère
et de son rival Hésiode,
·
éveil de la parole par les poètes qui la
reçoivent de la Muse, par les fous de la toge romaine (Cicéron est là, mais
quand reviendra Démosthène ?), en grec ou en latin, ou, en araméen, chant
sacré des psaumes,
·
chant soufi venu d’Orient, en arabe,
·
tragédie des Perses défaits à Salamine,
·
folie du monde dont il faut punir celui qui
l’a souillé, Oedipe, ou un autre bouc émissaire,
·
défi aux lois éternelles, folie de Créon, défi
éternel d’Antigone,
·
soumission d’Agamemnon à son destin,
·
ruses d’Ulysse dans la grotte du Cyclope,
fatigue du même aux bras de Calypso,
·
résistance d’Hector au pied du mur,
·
et après la guerre, détresse des vaincus,
misère des femmes troyennes,
·
gestes de l’acteur, de l’aède, du chantre, du
danseur, de l’orateur,
·
ivresse des mots rythmés, soufflés, répétés,
des signes et de toutes les langues transposées, puissance de la parole
scandée, et des sons résonnant dans l’univers, dans la matière et dans les
âmes, rencontre, don, écoute, partage,
·
retrouvailles au carrefour de la mémoire et
d’aujourd’hui.
***
Programme
détaillé
Samedi
21 mars 2009
Ouverture
des Dionysies
19h
Appel aux Muses
Fragments
d’Hésiode et Pindare , par la compagnie Démodocos et le choeur de l’université
Paris-Sorbonne
Appeler
les Muses, pour les rendre propices, et attirer sur les Dionysies la faveur des
dieux concernés...
20h
Les Mille lunes de Sappho , par Oum-Hani Chkounda, création vocale à partir du
grec ancien de Sappho, projet présenté par la cie Démodocos
De
la rencontre entre une chanteuse lyrique et un helléniste est née l’idée de
faire renaître le verbe de Sappho dans une libre création vocale et musicale.
21h
Makeda, ou Fragment amoureux de la Reine de Saba , récit éthiopien en français
et guez (ancien éthiopien), d’après le Kebra Negest, par Dido Lykoudis
(lecture) et Igal Shamir (violon)
Texte
fondateur de la dynastie éthiopienne faisant remonter la légitimité du trône
éthiopien au roi Menelik, fils de Salomon et de la Reine de Saba.
Makeda,
entreprend un voyage à Jérusalem pour rencontrer le Roi Salomon. Son voyage est
politique. Le Kebra Negest donne une vision du pouvoir éthiopien ouvert sur le
monde, cherchant par la connaissance de l’autre, par l’intelligence et la
curiosité situé le royaume de Saba(Actuelle Ethiopie) dans la marche du monde.
Un
spectacle créé aux rencontres d’Aubrac.
Rencontre
autour d’un verre avec le public et les artistes
Dimanche
22 mars
15h
Les Perses d’Eschyle, Cie Démodocos et Atelier Choeur antique de la Sorbonne.
Traduction
Guillaume Boussard, Yann Migoubert et Aymeric Münch, mise en scène Philippe
Brunet, musique Jean-Baptiste Apéré, direction musicale François Cam, costumes
Anahita Bathaïe.
Avec
Yohann Grandsire, Agnès Cance, Rebecca Lefèvre, Aymeric Münch, Guillaume
Boussard, François Cam et le choeur : Louise Akili, Laure Barbotte, Sahra
Bernard, Soofi Chakhmaghi, Sofia-Marianthi Chalkiadaki, Alexis Crouzil,
Clémence Drouet, Alison Duffy, Bastien Fontanille, Bérenger Hainaut, Violette
(Xiaoli) Hu, Laura Kolbecher, Elise Loiseau, Carole Martin, Laura Martin,
Marie-Angélique Mennecier, Mathilde Opinel, Gilles de Rosny, Jushoon Shin,
Susie Vussbaumer.
La
défaite perse de 480 avant l’ère chrétienne. Le désastre et la douleur sublimes
du peuple perse. L’horreur de la guerre. Reprise du spectacle créé en 2001 par
la cie Démodocos, avec la
plupart
des interprètes que Jean Rouch avait filmés dans son dernier film Le rêve plus
fort que la mort (AMIP 2002).
18h
Chants sacrés des trois cultures (musulmane, chrétienne et juive) par Anass Habib
Un
jeune chanteur à la voix envoûtante, bien connu du monde de la culture soufie,
venu tout spécialement de Fès pour les Dionysies 2009.
20h30
Oedipe roi de Sophocle (Compagnie Artepo)
Scénographie
Klaus Speidel, costumes Liliana Padilla, composition musicale Hervé Lesage de
la Haye, percussions Simon Dagois-Bohy, lumières Lionel Vidal, masques
Pierangelo et Sara Summa, mise en scène Miquel Oliu Barton, dramaturgie : Julie
Roux, traduction et collaboration Jean et Mayotte Bollack, collaboration spéciale
: Lionel Parlier et Laure Petit.
Avec
Stanislas Roquette, Matthieu Protin, Denis Guénoun, Béranger Crain, Miquel Oliu
Barton, Julie Roux, Hervé Charton, Julien Prévost, et le choeur : Émilie
Bouvard, Hervé Charton, Béranger Crain, Constanze Fritzsch, Emmanuel Jacob,
Sybille Lesourd, Hélène Ponomareva, Fabian Schulz, Juliette Séjourné et Miriam
Sofronia.
L’incessant
questionnement d’Oedipe, avec cette soif de savoir qu’il a, et son amour pour
la parole (il a vaincu la Sphinge avec un mot !), et pour sa ville, sa femme,
ses enfants !, entraînent quiconque s’attaque/s’attache à Oedipe Roi dans une
dynamique exigeante et positive : interroger le sens, par la raison, mais aussi
par le corps, avec humour, bonne humeur, et la rigueur et sacralité des
anciens. La collaboration avec les traducteurs, Jean et Mayotte Bollack, est
une chance exceptionnelle.
Spectacle
créé aux Dionysies 2008.
23h
Café Ouzo, lectures, débats
Lundi
23 mars
15h
Homère par mots et par gestes (en grec ancien et langue des signes), avec Olivier
Schétrit et Philippe Brunet ; projet proposé par Brigitte Baumie.
Peut-on
traduire Homère en langue des signes en transposant les noms, les épithètes, et
en gardant le rythme de l’original ? Autrefois, la langue des signes était
interdite. Aujourd’hui, faire du grec ancien est un acte insolite de
résistance.
20h
Les lamentations d’Hécube , extraits des Troyennes d’Euripide, avec Annie
Bastide-Blazy, Compagnie Melocotone
«
Une génération assiste au sac de Rome, une autre au siège de Paris, ou à celui
de Stalingrad, une autre au pillage du Palais d’été : la prise de Troie unifie
en une seule image cette série d’instantanés tragiques, foyer central d’un
incendie qui fait rage sur l’histoire, et la lamentation de toutes les vieilles
mères que la chronique n’a pas eu le temps d’écouter crier trouve une voix dans
la bouche édentée d’Hécube . »
Cette
note de Marguerite Yourcenar empruntée à « En pèlerin et en étranger » éclaire
la proposition de faire entendre la voix seule d’Hécube portant la douleur de
toutes les femmes et de toutes les mères écrasées par les guerres et leurs
violences meurtrières.
21h
Les Perses d’Eschyle, cie Démodocos et atelier de l’Université Paris-Sorbonne
23h
Café Ouzo
Mardi
24 mars
10h
Matinée scolaire, conférence-atelier-spectacle Antigone / Oedipe Tyran
Initiation
au théâtre antique : dramaturgie, chant, grec, scansion en français, travail
corporel, masque, drapé (sur réservation)
20h
Les trois bagues , chant sacré dans les trois traditions, par Karoline Zaidline
Karoline
Zaidline, chanteuse lyrique, s’intéresse au chant sacré issu des cultures
méditerranéennes. Chanteuse à la voix profonde spécialiste des musiques juives,
ayant participé a plusieurs festivals d’Art sacré à Fez en 2000 pour les chants
hassidiques, Tunis, Venise, Calvi, Perpignan, Nantes, abbaye du Thoronet,
Amsterdam, Liège, Radio France..., elle a aussi joué dans l’Iliade, Antigone et
Erechthée pour la compagnie Démodocos.
21h
Les Perses
23h
café Ouzo
Mercredi
25 mars
15h
Antigone de Sophocle, par la cie Démodocos et l’atelier théâtre antique de
l’Université de Rouen.
Avec
Nicolas Lakshmanan, Florence Phalempin-Galinat, Fantine Cavé, Henrri de
Sabates, Benoit Sarels et Jacques-Olivier Ledard ; texte français de Philippe
Brunet, musique de François Cam
La
4e année que la compagnie Démodocos transforme sa mise en scène d’Antigone,
articulant le conflit éternel de Créon et d’Antigone, du politique et de la
mémoire, du français et du grec ancien. La tragédie dionysiaque de Sophocle :
le Choeur des Vieillards y célèbre la toute-puissance de l’homme,
l’omniprésence du désir, la force du dieu du théâtre, et le partage des règnes
: on saurait mélanger impunément les vivants et les morts.
17h
Oedipe Tyran, étape abyssinienne, tragédie de Sophocle par la cie Démodocos,
avec Philippe Brunet, Nicolas Lakshmanan, Frédéric Ligier, Dido Lykoudis,
Henrri de Sabates, Stéphane Vilar.
Texte
français Philippe Brunet. Conception artistique Philippe Brunet et Dido
Lykoudis. Musique Stéphane Vilar. Direction choeur Frédéric Ligier. Images
Camille Robert
Mettre
en scène Oedipe Tyran, c’est pour nous, comme pour les Grecs, articuler le
présent et le mythe. Chez Sophocle, le présent de la représentation s’oppose au
passé enfoui et mis à jour progressivement par l’action dramatique. Les
dérèglements du monde (stérilité, pestilence, chaos) sont le signe d’une
malédiction causée par une faute plus ancienne. Cette articulation du présent
et du passé est renforcée dans le dispositif par un clivage de deux langues, le
français et le grec ancien, par la conscience divisée des personnages Jocaste
et Oedipe, et une double scène... dont l’une plonge ses racines dans la
lointaine Ethiopie...
19h
Soirée et fête romaine
Trois
aèdes-poètes-traducteurs de la galaxie Démodocos réveillent les énergies qui
sommeillaient dans les textes poussiéreux de nos bibliothèques. Le verbe latin,
ainsi remis en voix, est saisissant. Et la langue française qui transpose le
rythme du latin est infiniment savoureuse...
•
Invocation aux Muses, 4e Bucolique par Nicolas Lakshmanan
•
Le chant de la terre, 2e Géorgique de Virgile, par Aymeric Münch
Virgile
a décide de chanter les vignes et les arbres dans son deuxième chant. Il
s’étend sur la merveilleuse diversité de la nature et des culture, va jusqu’à
évoquer les arbres des confins du monde connu, mais revient sur sa chère Italie
qu’il présente avec les caractéristiques de l’âge d’or. Il profite de la
noblesse de son propos pour rappeler ses maîtres : César Auguste, qui a ramené
la paix en Italie après tant d’années de ravages et Hésiode, le poète d’Ascra,
dont il reprend le projet des Travaux et les Jours.
•
Hymne à la matière , extraits de Lucrèce, par Guillaume Boussard
Tiens
!... Pourquoi Lucrèce ? Entre deux traductions d’Eschyle, Guillaume Boussard a
composé Matière Première, poème en hexamètres français, rêverie terrienne en
hommage à Christophe Lollier, l’ami poète et musicien trop tôt disparu. La
composition de cet hymne à la Terre a été l’occasion de redécouvrir le De
Natura Rerum. Quel choc, devant la beauté éternelle des propos de Lucrèce ! La
tentation de traduire intégralement le De Natura Rerum était grande : formé à
l’école d’Homère et de la compagnie Démodocos, Guillaume Boussard présente les
prémices de ce nouveau projet de transposition poétique, sous la forme de
larges extraits des trois premiers livres, en français et en latin, accompagnés
pour l’occasion de musique enregistrée et, peut-être, de chansons.
21h
Sacre du cristal avec Frédéric Nogray aux bols chantants et Oum-Hani Chkounda
au chant cristal.
Une
expérience d’harmonie éprouvée dans la vibration des éléments.
23h
café Chianti
Jeudi
26 mars
10h
Matinée scolaire, conférence-atelier-spectacle Antigone / Oedipe Tyran
Initiation
au théâtre antique : dramaturgie, chant, grec, scansion en français, travail
corporel, masque, drapé (sur réservation)
14h
Table-ronde : Langues enfouies, langues interdites (Entrée libre dans la mesure
des places disponibles)
Avec
•
Marie Formarier, Lisez-vous Cicéron ?
•
Gilles de Rosny, Du logiciel Scande au Café homérique
•
Emmanuel Lascoux, L’engastrimuthe (Platon ventriloque homériste)
•
Véronique Pillon, Frédéric Billiet et Cédric Clément, Un festival de théâtre
antique au bord de la Creuse
19h
Les Troyennes, d’après Euripide, avec Sara Llorca et Estelle Meyer, adaptation
et mise en scène de Denis Llorca
21h
Oedipe Tyran (Cie Démodocos)
Vendredi
27 mars
19h
Antigone (Cie Démodocos)
21h
Oedipe Tyran (Cie Démodocos)
23h
Café Ouzo
Samedi
28 mars
16h
Les mille lunes de Sappho
18h
Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, de Stéphane Mallarmé (Les Aléas)
Voix
: Leyla Bouazza, Karine Laleu, Maxime Larcher, Sofia Laznik-Galves ; Flûte :
Julia Baby ; Alto : Juliette Riandey ; Bandonéon : Luc Baby ; Coordination du
Hasard et voix : Frédéric Ligier
A
l’écume du vers, quelques sons... Comédiens et musiciens en écoute. Un texte de
Mallarmé aux contours sans limites. Le Hasard joue la partie qui s’improvise.
Retour à des sources rêvées ? Peut-être ? "Toute Pensée émet un Coup de
Dés."
19h
Les Troyennes, d’après Euripide, par Estelle Meyer et Sara Llorca, m.s. Denis
Llorca
20h
Cassandra, d’après Eschyle, spectacle en grec ancien et français conçu et
interprété par Dido Lykoudis, d’après l’Agamemnon d’Eschyle, traduit par Paul
Claudel
Devant
la porte du palais de Mycènes, Cassandre, fille du roi de Troie, pleure sa
mort.
Esclave,
tribu du roi Agamemnon, elle sera offerte sur le billot de la vengeance par
l’épouse du roi grec, Clytemnestre. Cette dernière attend depuis dix ans pour
venger sa fille Iphigénie, sacrifiée par son père Agamemnon afin d’obtenir la
levée des vents par Artémis, pour pouvoir partir à la guerre. Elle tue son époux
dès son retour triomphant dans son palais. Cassandre, prêtresse d’Apollon,
possède la science de la divination, et elle voit devant la porte du palais le
meurtre de son maître et le sien. Devant un choeur de vieillard hostile et
inculte, elle chante et danse sa propre mort, Elle chante le thrène des
esclaves. La troyenne, la captive de guerre humiliée, est l’interprète de son
propre destin.
Le
personnage d’Eschyle, est d’une force, d’une beauté musicale, d’une force
dramatique d’une rare présence dans la tragédie. Une scène, une seule scène, où
se concentrent tous les éléments
de
la pitié et de la crainte, l’insulte faite aux dieux. Une scène pour placer
l’humiliation de l’individu devant l’arbitraire et la violence des vainqueurs.
Cassandre est la victime lucide de la violence de l’homme. Comme Iô, le rythme
du vers ancien, la musique du texte est le support du personnage.
21h
Soirée grecque, avec démonstration de danses par le Lykeo Ellenidon
Dimanche
29 mars
15h
Un coup de dés jamais n’abolira le hasard
16h
Oedipe roi (cie Artepo)
18h
Chant Soufi et Les trois bagues avec Anass Habib et Karoline Zaidline
Pôt
de clôture
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : 1er AVRIL 2009