Brève n° 235
Projet « Rhétorique et
poétique en jeu dans l’Antiquité »
Centre de Recherches sur les
Littératures et la Sociopoétique (CELIS)
Axe « Littératures et
représentations de l’Antiquité et du Moyen Âge »
Nous sommes plusieurs, au sein de
l’équipe « Écritures et représentations de l’Antiquité et du Moyen Âge » du
CELIS, à nous intéresser, sous des angles variés, aux questions de rhétorique
et/ou de poétique dans l’Antiquité. Pour donner forme à cette convergence
d’intérêts scientifiques seront organisés, pour les années 2009 et 2010,
plusieurs projets scientifiques mettant en jeu ces deux notions :
- deux journées d’études « Figures de
l’orateur en poésie, figures du poète dans l’art oratoire : les enjeux d’une
mise en scène réciproque en Grèce et à Rome » (organisation : H. VIAL
avec la collaboration d’A.-M. FAVREAU-LINDER,
CELIS, Programme « Images, concepts, formes littéraires », Clermont-Ferrand,
14-15 mai 2009).
- le colloque « La variatio :
l’aventure d’un principe d’écriture, de l’Antiquité au XXIe
siècle » (organisation : H. VIAL,
Clermont-Ferrand, 25-27 mars 2010). L’appel à communication sera envoyé fin
janvier 2009.
- un colloque double sur la réception
rhétorique d’Homère, d’abord centré sur l’époque de la seconde sophistique
(organisation : S. DUBEL et A.-M. FAVREAU-LINDER,
CELIS, Programme « Histoire des représentations », Clermont-Ferrand, mai 2010),
puis ouvert plus largement à tous les domaines de la sphère rhétorique
ancienne, mais aussi moderne (organisation : E. OUDOT,
Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures, EA 4178, Université de Bourgogne,
octobre 2010). L’appel à communication sera envoyé au printemps 2009.
Figures de l’orateur en poésie, figures
du poète dans l’art oratoire
les enjeux d’une mise en scène
réciproque en Grèce et à Rome
jeudi 14 et vendredi 15 mai 2009
Journées d’études organisées par Hélène
VIAL avec la collaboration d’Anne-Marie FAVREAU-LINDER
Comité scientifique : Hélène VIAL,
Anne-Marie FAVREAU-LINDER,
Rémy POIGNAULT, Michel BRIAND
Pour inaugurer cette série de
manifestations scientifiques, nous nous proposons de réfléchir à une question
qui n’est pas celle — immense et, qui plus est, maintes fois traitée — de la
relation entre rhétorique et poésie, mais un aspect bien précis de cette
relation : les images que les représentants de chacun de ces deux champs
de la pensée et de la production littéraire antiques délivrent des
représentants de l’autre champ, autrement dit la manière dont, par un
jeu de portraits croisés qui s’avèrent toujours orientés et subjectifs, les
deux univers se réfractent l’un l’autre plus qu’ils ne se reflètent.
En effet, quand un poète met en scène
un orateur ou quand, inversement, un orateur ou un théoricien de l’art oratoire
parle d’un poète, l’image de l’« autre » — qu’il soit réel ou fictif,
identifiable comme individu ou présenté comme un archétype — fait toujours
l’objet d’une déviation, d’une transformation, bref, d’une (re)construction.
C’est ce processus qui nous intéresse : quand, comment et pourquoi la figure de
l’« orateur » apparaît-elle dans l’oeuvre d’Homère (à travers les discours
prononcés par Ulysse, mais aussi Nestor ou Ménélas) ? Qu’en est-il chez les
poètes tragiques et comiques, dans la poésie alexandrine, puis, par exemple,
chez Catulle (lorsqu’il oppose Cicéron et Calvus) ou dans l’oeuvre d’Ovide
(pensons à la scène du « jugement des armes » qui, au livre XIII des Métamorphoses,
oppose Ulysse et Ajax) ? Inversement, quand, comment et pourquoi l’image du
poète est-elle convoquée dans tel discours d’Eschine ou de Cicéron — on pense
évidemment au Pro Archia, mais bien d’autres exemples pourraient être
invoqués — ou dans tel passage du Traité du sublime, de l’Institution
oratoire de Quintilien ou du Dialogue des orateurs de Tacite ? Que
nous disent ces mises en scènes sur la relation entre deux mondes qui,
étroitement dépendants l’un de l’autre, présentent cette dépendance réciproque
sur des modes variés : fascination, distanciation véritable ou feinte, ironie,
critique frontale, etc. ?
Que nous apprennent-elles sur les
définitions que poètes et rhétoriciens de l’Antiquité cherchent à donner
d’eux-mêmes et du domaine qui est le leur ?
La question nous semble
particulièrement intéressante quand celui qui évoque ainsi l’« autre » est
lui-même, par ailleurs, cet « autre » : comment étudier l’image du poète et de
la poésie chez Cicéron sans se rappeler que Cicéron lui-même écrit des poèmes ?
Comment interpréter la présentation hautement ironique, dans les Métamorphoses
d’Ovide, du personnage d’Ulysse, qui obtient les armes d’Achille grâce à la
séduction menteuse d’un discours flamboyant mais creux, sachant qu’Ovide est
lui-même imprégné — peut-être plus encore que nombre de ses contemporains — de
rhétorique, lui que son père, considérant la poésie comme un studium […]
inutile (Tristes, IV, 10, 21), destinait à une carrière d’avocat
?
Les actes de ces journées seront
publiés dans la collection ERGA des Presses Universitaires Blaise Pascal.
Le programme des journées est en cours d'élaboration.
Si vous désirez proposer un sujet d’article pour les actes (accompagné d’un
résumé d’une dizaine de lignes), vous pouvez le faire jusqu'au 15 février 2009.
Contact : Hélène Vial (hlnvl@free.fr)
ou Anne-Marie Favreau-Linder (A-Marie.FAVREAU-LINDER@univ-bpclermont.fr)
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : 1er AVRIL 2009