Brève n° 279
Des tomates pour Descoings
Face à la bombe des
déclarations hellénophobes de Richard Descoings, ont réagi
successivement :
- le 25 mai 2009, http://heresie.hautetfort.com/archive/2009/05/25/les-sales-coups-de-descoings.html :
Minable
et pitoyable. Pauvre type : son raisonnement, celui-là même qui est à l'œuvre et
sape progressivement l'école française; sous prétexte d'égalitarisme, il rêve
de dégommer toutes les voies d'excellence. Écoutez-le, ce type, exsudant le
mépris à plein nez pour les classes populaires. On a compris pourquoi Sarko
rêve de le recruter. Voilà un gars qui laminera l'école française en supprimant
tout ce qui dépasse. D'ailleurs, sous Jack Lang, en 1992, il était chargé du
budget de l'EN. Ce mec est un gestionnaire de la pire espèce.
Moi,
ce qui m'énerve, c'est les gros bourges qui parlent des classes popu et qui
fréquentent exclusivement les cercles de gens bien intentionnés dans les hautes
sphères du pouvoir. Typique, Le Siècle. Nom prétentieux qui permet aux
réseaux d'influence de se constituer indépendamment des convictions politiques.
On y troupe le top des PDG de grands groupes bancaires, directeurs de
rédaction, hommes politiques de premier plan (mais heureusement pas Bayrou !),
ex-ministres, et j'en passe. Pêle-mêle, DSK (Directeur du FMI), Aubry, (1er
secrétaire du PS) Colombani, (rédacteur en chef du Monde) Béabar (AXA),
Pébereau (BNP), Jospin, Pujadas, Messier, Nicole Notat, Raffarin, Luc Ferry,
Emmanuel Chain, Pascal Lamy (directeur de l'OMC) et même Jean Peyrelevade (zut
alors, on en a tout de même un au MoDem. Peyrelevade est trop légitimiste : il
croit qu'on pourra changer les choses et relever la France avec les mêmes
hommes).
Je
n'ai pas d'avis sur les banquiers et les hommes d'affaires, après tout ils font
leur métier, mais en revanche, je déteste retrouver dans ce genre de think
tank des hauts technocrates, des personnalités médiatiques et politiques de
toute obédience.
On
a là exactement l'exemple du verrouillage total des pouvoirs dans lequel nous vivons.
Descoings, c'est ce monde-là que j'abhorre littéralement, qui regarde la
tradition et le peuple avec le mépris de l'Énarque embourgeoisé. Et
regardez-le, ce démagogue, déclarer :
Mais,
quitte à me fâcher avec les élites, je le dis tout de suite : on ne
reviendra pas au grec ancien pour les lycéens. Veut-on plus d’égalité
pour tous ou plus de choix pour certains ? Plus de réussite pour tous ou
plus de réussite pour une petite proportion des jeunes
Français ?
Quel
hypocrite ! les élites, ce ne sont pas les autres, les élites, c'est lui ! Oui,
lui, Richard Descoings et sa clique ! Il ne risque pas de se fâcher avec les
"élites" , il en est l'aboutissement technocratique le plus achevé !
Les autres, c'est la France mourante, celle d'un autre temps, où comme le dit
Jean Lassalle dans sa Parole donnée, un fils de berger pouvait encore découvrir
Horace ou Aristophane dans l'école du village. Regardez-le parler de l'égalité
pour tous : égalité pour les autres mais surtout pas pour lui ou pour les gens
de sa condition, hein ? Vivement une nuit du 04 août pour en finir avec les
privilèges, les Descoings et leurs coups tordus.
- deux commentaires notamment :
Robin Delisle le jeudi 28 mai 2009 :
Je suis consterné
de considérer le niveau d’argumentation de Richard Descoings, notre peut-être
futur ministre de l’Éducation Nationale. Ainsi le lycée pour tous serait en
contradiction avec l’excellence et la culture. Voilà le fond de la pensée de
Richard Descoings. Qu’un homme comme lui puisse être le Ministre de l’Éducation
dans l’avenir me glace le sang.
Quel mépris
pour les élèves moyens ou en difficulté ! Je comprends que le grec et le
latin sont renvoyés au rayon des antiquités inutiles par Richard Descoings.
Pas un
instant il ne lui vient à l’idée que l’excellence et la remédiation sont les
deux mamelles d’un même projet pédagogique et qu’il n’existe aucune
contradiction entre les deux. Au contraire. Et puisqu’il évoque le niveau de
français des lycéens, il devrait savoir que le latin et le grec ont vocation à
être aussi des disciplines d’appui pour la langues française et les langues
européennes en général dont ils ont inspiré la culture, le lexique et les
structures grammaticales.
Enfin, je
juge particulièrement odieux de déclarer que le latin et le grec pour tous,
c’est le lycée d’il y a cinquante ans, parce que ce n’est pas vrai. Il y a
cinquante ans, l’accès au lycée était limité et l’instruction n’avait pas
l’impact déterminant qu’elle a aujourd’hui pour trouver un emploi. Il est donc
ridicule de comparer les deux époques, d’autant que le latin et le grec se sont
plus que largement démocratisés. Il n’y a que des Richard Descoings pour tenter
de les éradiquer.
Votre lycée
pour tous, ce sera sans moi, Monsieur Descoings, avec l’espoir de ne plus vous
voir jouer le moindre rôle dans le système éducatif.
- Mickey Mouse, le 2 juin
2009 :
« Pour redonner un sens aux
humanités » faire des maths en filière littéraire ? et des langues
vivantes apprises surtout par et pour l'oral ? On croit rêver ! Les humanités
c'est l'étude de LA LITTERATURE y compris la philo et puis le Latin et le Grec
ancien , écoles de rigueur (au secours Mme de Romilly !). C'est aussi les
littératures étrangères , pour connaître d'autres humains actuels et dont
l'étude peut aussi donner de solides bases à un oral approximatif sans syntaxe
et vocabulaire ECRITS.
- un article de fond :
« Grec, Latin : informez-vous,
Monsieur Descoings ! » par S. Pédroaréna et M.-H. Menaut, professeurs et
membres de la Coordination Nationale des Associations Régionales des
Enseignants de Langues Anciennes, paru dans Marianne le mercredi 10 juin
2009
Monsieur Descoings, vous émettez deux jugements : ces langues
anciennes sont élitistes et elles appartiennent au lycée d’il y a cinquante
ans.
Il semble que vous méconnaissez le
terrain et l’histoire de l’apprentissage de ces langues.
Langues anciennes, langues rares ? NON : 541 000 élèves étudient actuellement le latin et le grec au collège
et au lycée, malgré des conditions souvent dissuasives. Les élèves et les parents d’élèves ont bien
compris le message des professeurs de Lettres classiques ; ces derniers ont
donc su montrer l’intérêt des langues et cultures de l’antiquité :
enrichissement du vocabulaire français, apprentissage de la langue française et
des langues qui puisent dans ces racines communes (anglais, espagnol, italien,
allemand), visite dans l’histoire ancienne et les mythes dont sont nourries
notre histoire, ainsi que la littérature
et l’art de la Renaissance à nos jours. Etudier les langues anciennes,
c’est aussi, par exemple, comprendre
pourquoi l’épisode de l’enlèvement des Sabines aux premiers temps de
Rome, évoqué par Tite-Live pour dénoncer une guerre fratricide, est traité successivement par David au moment de la Révolution française et par
Picasso au moment de la guerre d’Espagne ?
Qui est
conservateur ?
Non, M. Descoings, il ne faut pas
innover à tout prix et à n’importe quel
prix renier l’histoire en refusant aux
élèves de comprendre le patrimoine européen. Vous refuseriez en même temps à un
grand nombre de jeunes élèves
défavorisés ou issus de l’immigration
un moyen d’intégration fondamental.
D’après vous, le latin et le grec
seraient élitistes. Visant, comme les
mathématiques ou la philosophie à une formation intellectuelle de haut niveau, alors, oui, ils sont
élitistes ! Et c’est tant mieux, puisqu’ils sont offerts à tous ceux qui
veulent faire l’effort de les étudier.
Ne croyez pas, M. Descoings, que les professeurs de Lettres classiques
sélectionnent des élèves qui « doivent » étudier le latin ou le grec. Et
surtout, aucune sélection sociale ne
préside à l’apprentissage de ces langues : n’étudie-t-on pas le latin et le
grec en ZEP ?
Enfin le latin et le grec renvoient
pour vous à « un lycée d’il y a cinquante ans » ; ces langues ne seraient pas
attractives car désuètes. Ignorez-vous,
M. Descoings que les professeurs
de langues anciennes ont compris l’intérêt des TICE depuis au moins 15 ans, qu’ils
ont œuvré à la rénovation pédagogique de leurs disciplines ? Etes-vous allé
visiter sur InternetCollatinus, Latine
loquere, Gratum studium et le
remarquable site Musagora abrité par le Ministère de l’Education nationale ou
encore le site interactif Helios qui
permet aux élèves de différents pays européens de communiquer entre eux par
l’intermédiaire des langues anciennes ?
Alors, M. Descoings, cessez de diffuser
ces lieux communs éculés sur le latin et le grec. Qui est conservateur, vous ou
nous ?
- article suivi de divers
commentaires sur le site de Marianne :
Bilou le 10 juin 2009 :
M. Descoings a bien compris les
attentes du Gvt Fillon, c'est-à-dire, réduire les coûts de l'EN en dénigrant aujourd'hui
les cours de langue ancienne et demain tout ce qui touche aux arts subira les
mêmes foudres.
Mada le 10 juin 2009 :
M. Descoings ignore que parmi les
enfants de condition modeste, il y en a qui font du latin par passion. Cela
existe des jeunes qui aiment le latin (dont ma fille) mais cela doit dépasser
les esprits brillants qui nous gouvernent. De plus cette passion ne coûte pas
chère, elle ouvre des horizons qu'aucun jeux électroniques ne pourra apporter.
Rendez-vous compte monsieur Descoings,
des enseignants capables de passionner des jeunes au latin, il faut le faire !
Trami le 10 juin 2009 :
Je prenais Descoing pour quelqu'un ,eh
bien il faut réviser le jugement : c'est un âne doublé d'un affidé sarkophile !
Il n'exprime pas une pensée intellectuelle mais bassement d'économies de 4 sous
! J'ai regretté de n'avoir pas poursuivi le latin ni avoir fait du grec !... ce
qui m'a obligé plus tard à suivre des cours d'étymologie et de sémantique (double
perte de temps).
Avec des conclusions telles que celles
avancées ,il ne faut pas s'étonner du massacre du beau langage français, et de
sa perte d'audience dans le monde !
Ces gens sont des saboteurs et
devraient être poursuivis comme tels !
Candide le 10 juin 2009 :
Quand j'étais au lycée, je n'étais pas
doué, doué en latin et j'ai arrêté dès que l'occasion s'en présentait (au
niveau de la classe de troisième, si j'ai bonne mémoire). Maintenant je le
regrette, d'autant plus que ma profession me fait souvent passer par Rome et
que j'aimerais bien être capable de déchiffrer les inscriptions sur les
monuments. Si j'en avais le temps, je me remettrais bien à l'étude, à condition
que les méthodes d'enseignement soient devenues un peu moins rébarbatives.
Au fait, M. Descoings a-t-il partagé
ses opinions avec Xavier Darcos, agrégé de lettres classiques ?
Nicolasjolly le 10 juin 2009 :
Ah ! Enfin, le prétexte Descoing se
dévoile!
M'enfin ! C'est pas grave. Les profs de
Lettres Classiques se reconvertiront dans la surveillance des établissements
scolaires, habillés en hoplites ou en prétorien (ah ! non, ça c'est réservé à
la garde rapprochée du Prince, hmmmm! Fillon en jupette, cote de cuir armée de
métal, et casque à cimier !).
Kalos le 10 juin 2009 :
depuis 1975 les néo-cons (enfants de la
COM, commission de l'obscurité mondiale) ont comme objectif la destruction de
tout humanisme, ainsi ils s'attaquent à l'enseignement du français (combien
d'heures en moins depuis 1975 ?), puis à celui de l'histoire, la géo, latin et
grec ont subi un sort plus cruel... On pourrait se demander : comment
vont-ils former les scientifiques et les médecins de demain... mais aussi se
demander : qu'attendons nous pour démolir ces démolisseurs ??
Michael Specht le 10 juin 2009 :
Que lis-je ? Supprimer le latin et le
grec ancien de l'enseignement alors même qu'Assimil propose désormais des
coffrets d'apprentissage qui s'arrachent entre les mains de Français
passionnés, tant passionnés qu'ils les achètent plutôt que de les pirater sur
l'internet ?
Dans les séminaires protestants, par
exemple à la faculté théologique de Strasbourg, les futurs pasteurs apprennent
l'hébreu et le grec ancien, de manière à être capable de lire les textes
originels dans leur jus ; un protestant se devant par définition d'être plus
intellectuel que bigot.
Comme les langues anciennes ne
concernent pas seulement la religion, mais aussi tout un pan de la culture
européenne et Française, il serait curieux de supprimer l'occasion de devenir
latiniste ou helléniste, avec toutes les richesses que cela suppose et le
niveau de compréhension que cela induit. Et c'est compter sans les belles
boutades supplémentaires auxquelles les élèves échapperaient pour leur plus
grande tristesse, entre autres celle de prononcer le « ch » de pachyderme comme
on prononce celui de tachymètre. Cette connaissance est par ailleurs fort utile
pour les études supérieures, notamment pour la compréhension rapide d'un
vocabulaire spécialisé.
Gardons ainsi ce qui n'est jamais
qu'une option ; les professeurs de grec ancien et de latin étant aussi souvent
professeurs de lettres, le coût restera très acceptable.
Poulet le 10 juin 2009 :
Pourquoi s'étonner des propositions de Descoings
cet ancien étudiant médiocre, recalé de Normale Sup, ancien de l'IEP Paris
comme beaucoup de nuls. Y'a rien à attendre de cet hybride.
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : 14 JUIN 2009