Brève n° 283
Valéry Giscard d’Estaing se souvient
Article d’Alexandra Gonzalez,
dans le France-Soir du mardi 16 juin 2009.
Presque
soixante-dix ans après avoir passé un double baccalauréat, à l’âge de 15 ans et
demi, Valéry Giscard d’Estaing se remémore pour France-Soir les grands
moments de cette époque.
FRANCE-SOIR.
Quels souvenirs gardez-vous du passage de votre baccalauréat ?
VALÉRY
GISCARD D’ESTAING. J’en garde un très bon souvenir. Je l’ai passé très jeune, à
15 ans et demi. A l’époque, on ne le passait pas dans son établissement, mais
dans un centre d’examens dans le Ve arrondissement de Paris, rue de
l’Abbé-de-l’Epée. Nous étions très nombreux dans ce grand bâtiment que nous ne
connaissions pas, il y régnait une discipline très stricte durant les épreuves,
il s’agissait d’un événement très important, donc nous étions tous assez
impressionnés. Mon souvenir le plus marquant reste le jour des résultats. Ils
étaient affichés le long des murs de la Sorbonne. Encore aujourd’hui, de temps
en temps, il m’arrive de me remémorer ce jour. Je me revois en train de
chercher mon nom le long de ces grandes colonnes verticales de feuilles
blanches… Quelle joie quand j’y ai vu le mien !
Comment
se fait-il que vous l’ayez passé si jeune ?
J’aurais
pu le passer l’année suivante, à seize ans et demi, mais pour mes parents, qui
jouaient à l’époque un très grand rôle dans mon éducation, il était important
que je le passe jeune. Il y avait d’ailleurs une espèce de compétition qui
régnait, parmi mes camarades et mon entourage, pour passer le baccalauréat le
plus tôt possible. Après le bac, je voulais intégrer l’Ecole polytechnique et
je savais qu’il y avait encore deux ans de préparation avant de pouvoir y
entrer. J’étais donc très pressé de le passer.
Vous
avez passé un double baccalauréat, pourquoi ?
Le
système d’alors était différent. On devait choisir entre un bac de philosophie
et un bac de mathématiques élémentaires, mais on pouvait avoir l’autorisation
de passer les deux. Ce que j’ai fait. Je préférais les mathématiques, mais je
ne voulais pas me priver d’une branche du savoir. J’estimais que l’apport de la
philosophie était tout aussi important. Je me souviens avoir obtenu une mention
« bien », avec un peu plus de 16 de moyenne… Mais impossible de me remémorer la
décimale exacte !
Quel
genre d’élève étiez-vous ?
En
seconde, j’étais franchement un mauvais élève. La France était en guerre. Nous
avions déménagé cette année-là avec ma famille dans la zone libre et par
conséquent mon travail avait été très désorganisé. L’année suivante, scolarisé
au lycée parisien Janson-de-Sailly, dans le XVIe arrondissement, j’ai dû
énormément travailler pour rattraper ce retard. Je suis quelqu’un qui travaille
seul, car pour moi la mémoire se travaille seul, et dans ce genre d’épreuves je
pense qu’elle est décisive. J’ai donc révisé mon baccalauréat de manière
isolée, en lisant énormément.
Aviez-vous
une matière favorite ?
Je
dirai que j’en avais deux. Je me souviens avoir étudié le français, le latin,
le grec ancien, les mathématiques élémentaires, la philosophie au lycée. Mais
j’avais une préférence pour le grec et les mathématiques. La philosophie que
j’ai apprise était très didactique, on apprenait les grands courants de ce
savoir. J’en garde également un très bon souvenir.
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : 19 JUIN 2009