Brève n° 284
Athènes ressuscite son Olympe
Après
l’inauguration du Nouveau Musée de l'Acropole, le samedi 20 juin 2009 à 20h00
(heure locale et en direct sur le site du Musée : http://www.theacropolismuseum.gr).
Article de Y. Kolesidis et de l’envoyé spécial à Athènes Éric Biétry-Rivierre, Le
Figaro, le 18 juin 2009.
La
Grèce inaugure, samedi, un musée de 25 000 m2 en contrebas du Parthénon dans
l'espoir de récupérer les importants vestiges conservés à Londres.
Situé
en contrebas du Parthénon, le nouveau Musée de l'Acropole, dû à l'architecte
franco-suisse Bernard Tschumi, est la conséquence d'une bataille digne des
Atrides. Depuis 1982, la Grèce réclame à la Grande-Bretagne la large partie
subsistante de la frise de Phidias qui couronnait le temple dédié à Athéna.
Tout le deuxième étage du bâtiment lui est consacré. Mais pour l'heure, il
n'accueille quasiment que des moulages de plâtre. Plus de la moitié du décor
original, en marbre, long à l'origine de 160 mètres, et riche, si l'on en croit
les reproductions anciennes, de 612 figures divines, humaines et animales, se
trouve au British Museum. Ces vestiges sont pourtant essentiels pour qui entend
expliquer le site sacré de l'Acropole, socle de notre civilisation.
Londres,
ayant notamment fait valoir que ce trésor de l'humanité, acquis légalement en
1816, ne disposait sur place d'aucune infrastructure adéquate, Athènes a
investi 129 M€ dans le projet. Et a convié samedi plus de deux cents
personnalités pour juger du résultat. Des représentants de l'Union européenne
et de l'Unesco, des chefs d'États, des ministres, des archéologues, des
académiciens ainsi que des directeurs de musées au premier rang desquels le
patron du British. Ce dernier a bien évidemment décliné l'invite comme son
homologue du Louvre également en charge de quelques marbres.
Guerres
des dieux et des géants
Si
ces parties manquent, le nouveau musée se trouve toutefois bien garni. Depuis
un an, 350 gros objets de l'Acropole, fragilisés par la fréquentation
touristique et la pollution, ont été amenés par grue du vieux musée situé au
sommet du rocher.
Nettoyés
et complétés par 4 000 pièces plus petites venues des réserves, des dernières
fouilles et de différents musées grecs, ils sont bien plus lisibles. L'ensemble
témoigne d'une bonne part de l'histoire de l'Acropole et de ses environs : de
la préhistoire à l'apogée de la période classique et au Parthénon, jusqu'à
l'époque romaine et l'Antiquité tardive.
Par
exemple, les métopes, ces plaques sculptées en haut relief qui rythmaient
l'entablement du Parthénon, content dans l'ordre, quoique en pointillé
puisqu'il n'en reste plus que 17 sur 92, les guerres des dieux et des géants
ainsi que les combats des Centaures et des Lapithes. Les statues des frontons
narrent clairement la naissance d'Athéna et sa dispute avec Poséidon pour la
possession de l'Attique. Quant à la frise de Phidias, ses « copies d'attente »
évoquent les Panathénées, ces fêtes qui voyaient tous les quatre ans la
population offrir un vêtement brodé et le sacrifice de cent têtes de bétail
(l'hécatombe) à la déesse de la cité.
Bernard
Tschumi, à qui l'on doit, entre autres, le parc de la Villette à Paris et
l'extension du Musée d'art moderne de New York, a systématisé la lumière
naturelle. Un péristyle et des façades de verre capables d'absorber ou de
réfracter les rayons du soleil magnifient le grain et les reliefs de la pierre.
Au premier étage par exemple, la polychromie résiduelle des korês est
parfaitement repérable. Quant aux caryatides de l'Érechthéion, placées sur une
loggia, elles sont partout visibles. Dernière surprise : au rez-de-chaussée comme
aux étages, un sol vitré permet d'apercevoir, entre des pilotis, les traces
d'une ville du néolithique dont l'exhumation se poursuit.
Quelques
chefs-d'œuvre parmi tant d'autres…
Phidias
en majesté. Quel est ce fier cavalier au cheval ruant,
seul de la frise à occuper tout un panneau ? Phidias lui-même ? Certains
spécialistes ont avancé cette thèse. Meilleur représentant du premier
classicisme grec, l'artiste a supervisé l'ensemble des sculptures du Parthénon.
Il a aussi réalisé personnellement la statue d'or et d'ivoire d'Athéna en 438
av. J.-C., qui occupait le centre du temple et dont il ne reste aujourd'hui
plus rien. Phidias a également réalisé, en 437, à Olympie, une représentation
de Zeus considérée jadis comme l'une des sept merveilles du monde.
Le
cortège des Cariatides. Ces statues de femmes vêtues d'une
longue tunique et soutenant un entablement ornaient l'Érechthéion, un temple
voisin du Parthénon qui avait de multiples fonctions. Au premier étage du musée
quatre sont les originales. Une, disparue, est un moulage. Et la sixième manque
: elle se trouve au British Museum. Des copies sont installées sur l'Acropole.
Avant
le Parthénon. Dans ce fronton de l'Hekatompedon
(monument de l'époque archaïque incendié par les Perses en 480 av. J.-C.), on
devine deux lionnes déchirant Zeus déguisé en taureau, Hercule luttant contre
un Triton et un autre monstre composé de trois figures masculines. Chacune
tient un objet dans sa main gauche : le premier a l'eau, le deuxième le feu, et
le troisième un oiseau symbolisant l'air. Les traces de polychromie, noir, ocre
et rouge, sont encore partout visibles.
DATE DE PUBLICATION EN LIGNE : 19 JUIN 2009